Malestroit - Église Saint-Gilles
- clochesdebretagne (Vincent l'amoureux des cloches)
- 25 mai
- 7 min de lecture
Construite à l'emplacement d'une source sacrée, la construction de l'église paroissiale de Malestroit débute en 1144. Cette dernière ayant été agrandie une première fois à la fin du XIIe siècle, elle devait être dotée d'une nef, d'un transept avec absidioles, ainsi que d'un chœur avec abside en forme d'hémicycle, dont la fontaine que nous pouvons découvrir aujourd'hui était incluse dans l'enceinte de l'ancienne construction. Des fouilles archéologiques ont en effet permis de révéler des vestiges de l'ancienne abside, aujourd'hui disparue. De nos jours, la croisée, le bras sud du transept et une partie du chœur du XIIe siècle ont été conservés et plusieurs éléments sculptés ont été réemployés. La nef ayant fait l'objet d'une reconstruction au cours du XVe siècle, nous ignorons quelles ont été les raisons conduisant à la démolition partielle de l'édifice roman. Une seconde nef est ajoutée au XVIe siècle, terminée par un chœur à chevet plat, au nord de la première. Les éléments romans furent ainsi repris afin de créer une structure cohérente avec les ajouts apportés. Cela entraine la démolition de l'abside, suivie de la réalisation tourelle de façade située côté ouest, que nous connaissons aujourd'hui. Le 10 septembre 1592, au cours de la période des guerres de religion, un incendie ravageur fut déclenché dans l'édifice, alors que la Ligue catholique était expulsée au même moment. Ce ne fut cependant pas le premier brasier que l'église avait connu. En effet, les remaniements effectués au cours du XVIe siècle sont dû à un précédent feu ayant détruit le précédent sanctuaire roman. Parmi les plus anciennes parties qui nous sont parvenues remontant ainsi de cette époque, nous pouvons notamment retrouver la croisée de la nef, le transept sud et une partie de l'ancien chœur. Ces éléments construits en grès rouge marquent en premier lieu une différence majeure et facilement observable, en comparaison aux édifications ultérieures. De même, ces comparaisons se remarquent à l'extérieur par la présence de contreforts peu saillants, ainsi que d'étroites ouvertures. Le clocher, à base carrée, est quant à lui situé à la croisée du transept et surmonté d'une flèche en ardoise qui sera rénovée au XIXe siècle.
L'architecture intérieure de l'église de Malestroit est également très intéressante. La partie romane est couverte de voûtes bombées tendues par des ogives plates et la croisée présente quatre grands arcs brisés, reposant sur des piliers à colonnes, dont leurs chapiteaux sont ornés de feuilles lisses et de crochets d’angle. Ces éléments témoignent d'une époque d'évolution dans le style des édifices religieux, vers les débuts de l'art gothique.
D'autres ornementations de figurent peintes sont également remarquablement conservées au plafond de la voûte à la croisée du transept, dont leur date est estimée au cours du XIIIe siècle. On peut notamment y voir un félin unicorne, un éléphant de combat, ou encore un centaure.
De nombreux éléments architecturaux et décoratifs datant de l'ancienne construction ont ainsi été réutilisés pour l'église paroissiale. Il en est de même pour les sculptures figuratives abordant plusieurs thèmes, dont celui des animaux, aussi bien réels que fantastiques, ou encore des scènes de l'Ancien Testament. Deux têtes barbues sculptées sont par ailleurs très intéressants et se situent au niveau du chevet et son absidiole. Le porche sud quant à lui, daté XVe siècle, est ouvert de deux portes en anses de panier, séparées entre elles par un pilier portant. Ses vantaux sculptés ont été complétés au XVIe siècle et sont classés au Monuments Historiques. La façade ouest est dominée par une tourelle hexagonale, dressée entre les deux pignons des nefs nord et sud. Couvertes avec l'abside nord d'une charpente à sablières et entraits sculptés, ces dernières sont reliées ensemble par de grandes arcades et conçues dans le style gothique en utilisant deux modes distincts. Au sud, nous trouvons tout d'abord une forme dite "gothique rayonnant", caractérisée par des vitraux et une architecture plus élaborée avec des formes d'une grande finesse et une élégance dans les détails. Au nord, la seconde nef avec chœur, datés du XVIe siècle en présente la forme "flamboyante". Reconnaissable par l'expression d'ornementations et décors très chargés, voire presque exagérés.
L'édifice présente plusieurs vitraux de grand intérêt. Deux d'entre eux datés du XVIe siècle sont classés aux Monuments Historiques. répartis entre les deux nef, le premier est dédié à Saint-Gilles, patron de la paroisse et le second, au sud, représente l'arbre de Jessé. Au chevet, un autre vitrail plus récent, racontant la vie de Saint-Gilles, est une œuvre du maître-verrier Huchet réalisée en 1900.
Comme les verrières, le mobilier de l'édifice est lui aussi très ancien. En outre, une pieta polychrome du XVIe siècle, dédiée à "Notre-Dame-de-Pitié", elle aussi classée, témoigne d'une histoire assez particulière. En effet, sculptée dans un monolithe de bois, elle était initialement installée dans chapelle du monastère des Augustins, sur l'Île Notre-Dame, toujours à Malestroit. À la Révolution française cependant, elle fut jetée, mais ne fut finalement pas brûlée. Échangée contre 5 cordes de bois, elle fut gardée secrètement avant d'être finalement réaffectée pour l'église communale. D'autres sculptures protégées aux Monuments Historiques, présentes dans la nef, sont datées du XVe au XVIIe siècle. Enfin, la chaîre à prêcher datée du XVIIe siècle a été achetée par la commune lors de la dispersion des biens de la communauté des Augustins.
Classée aux Monuments Historiques en totalité par un arrêté du 6 novembre 1931, l'église de Malestroit fit l'objet de travaux importants étendus sur plusieurs années depuis 2008. Mis en oeuvre en plusieurs tranches grâce à l'investissement de la municipalité, en collaboration avec l'architecte des monuments historiques, ces derniers n'ont jamais cessé de prendre soin de ce trésor architectural de la cité. Le chantier d'un budget de près de 1,2 millions d'euros est subventionné à hauteur de 75 à 80. À ce titre, des peintures murales ont été découvertes sur la voute de croisée dès 2011, au cours de premiers travaux de restauration. Leur datation est estimée au XIIIe siècle et ils'agit des représentations d'animaux évoquées précédemment dans ce présent article. Ainsi, les deux premières tranches d'ouvrage ont concerné le percement, le rajout de vitraux et la rénovation de la voûte de la petite nef, achevée en 2016. Cette cure de jouvence est poursuivie en 2023 par la remise en valeur des façades les plus visibles, côtés ouest et sud, suivi de la façade est. Il s'agit des deux dernières tranches de restauration récemment mises sur les rails qui concernent l'arrière de l'édifice, la nef principale et la grande verrière. Cela nécessita un réaménagement intérieur temporaire jusqu'en 2025, comprenant notamment le déploiement de bâches de protection sur les deux nefs et le déplacement de la chapelle du Saint-Sacrement dans la partie romane du sanctuaire. À cette fin, un coffrage de protection temporaire a également été installé pour l'orgue à tuyaux. Par ailleurs, le système de sonorisation a également été revu à l'occasion de cette restauration.
Pour terminer cette riche présentation, je vous laisse découvrir diverses photos de l'intérieur de l'édifice, prises lors de notre visite.
Les cloches
Le clocher en ardoise de l'église paroissiale de Malestroit dispose d'un ensemble campanaire de quatre cloches disposées dans un beffroi à deux niveaux, ainsi que d'un timbre d'horloge située sur l'extérieur de la flèche entre les deux nefs, actuellement non utilisé. La chambre des cloches nous présente ainsi une oeuvre de deux fondeurs distincts. Les plus anciennes, les n°2 et 3 ont été réalisées par le frère Fulbert, fondeur Morbihannais installé à Ploërmel, membre de la communauté des "Frères de la Mennais" ayant fondu de nombreuses cloches dans la région. Coulées en 1861, elles sont aujourd'hui secondées par deux autres dames de bronze des années 1950, en provenance de Haute-Savoie et plus précisément des ateliers d'Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux.
Nom: NC Note: Fa3 Date: Années 1950 Poids: NC Diamètre: NC Fondeur: Alfred Paccard à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
OFFERTE PAR LA COMMUNE A L'EGLISE
Mr LE Dr JEAN QUEINNEC ETANT MAIRE
M.M. LEON DAUVERGNE ET VICTOR GAULTIER, ADJOINTS
M. LE CHANOINE PIERRE GUILLO ETANT CURE
M.M. E. JUHEL ET A. GAUTIER, VICAIRES
RELEVÉ D'INSCRIPTIONS SUR LA CLOCHE UNIQUEMENT PARTIEL
ACCÈS DANS LE BEFFROI DIFFICILE
Nom: NC Note: Sol3 Date: 1861 Poids: Diamètre: Fondeur: Frère Fulbert à Ploërmel
Inscriptions sur la cloche :
[...]
[...]
[...] FRERE FULBERT [...]
RELEVÉ D'INSCRIPTIONS SUR LA CLOCHE UNIQUEMENT PARTIEL
ACCÈS DANS LE BEFFROI DIFFICILE
Nom: Louise-Marie-[...] ? Note: La3 Date: 1861 Poids: Diamètre: Fondeur: Frère Fulbert à Ploërmel
Inscriptions sur la cloche :
JE M'APPELLE LOUISE-MARIE [...] ☛
CAPITULAIRE ET Delle JOSEPHINE [...] ☛
Aug Chs Mie HAUMAITRE, [...] ☛
FONDUE A PLOERMEL PAR FRERE FULBERT [...]
GLOIRE A
MARIE
RELEVÉ D'INSCRIPTIONS SUR LA CLOCHE UNIQUEMENT PARTIEL
ACCÈS DANS LE BEFFROI DIFFICILE
Cloche 4: Nom: NC Note: Do4 Date: Années 1950 Poids: NC Diamètre: NC Fondeur: Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux
Inscriptions sur la cloche :
"[...] NON MALE STRICTA DOMUS"
OFFERTE PAR LA COMMUNE A L'EGLISE
Mr LE Dr JEAN QUEINNEC ETANT MAIRE
M.M. LEON DAUVERGNE ET VICTOR GAULTIER, ADJOINTS
M. LE CHANOINE PIERRE GUILLO ETANT CURE
M.M. E. JUHEL ET A. GAUTIER, VICAIRES
RELEVÉ D'INSCRIPTIONS SUR LA CLOCHE UNIQUEMENT PARTIEL
ACCÈS DANS LE BEFFROI DIFFICILE
Cloche 5 (timbre d'horloge, fixe): Nom: PAS DE NOM Note: NC Date: NC Poids: NC Diamètre: NC Fondeur: NC
LE TIMBRE D'HORLOGE NE PORTE PAS D'INSCRIPTIONS
Pour compléter la présentation de ce bel ensemble campanaire, vous trouverez ci-dessous diverses photos complémentaires effectuées au cours de l'étude des cloches
La vidéo
Nous adressons nos sincères remerciements à la municipalité de Malestroit, e particulier Monsieur le Maire, B. GICQUELLO, pour son accord afin de visiter le clocher et étudier l'ensemble campanaire de l'église paroissiale. Nous adressons également nos remerciements au Responsable de la Gestion des Bâtiments - dont j'ai malheureusement oublié le nom - pour son accueil et sa disponibilité lors de notre venue.
Enfin, je remercie mon confrère Matthieu JULES pour m'avoir invité à le rejoindre à l'occasion de cet inventaire, ainsi que pour son aide qui fut des plus précieuses dans la réalisation de cette vidéo.
PS : Bien que nous ayant pu accéder aux clocher afin d'y faire un reportage audio et vidéo, il ne fut cependant pas possible d'effectuer un relevé complet des inscriptions de chacune des cloches comme nous le faisons habituellement l'accès étant en effet difficile. De même, bien qu'une vidéo ait été tournée, le fichier correspondant a été effacé par mégarde avant le montage de cette vidéo. Le diaporama proposé vous est présenté à titre de compensation.
Sources des textes utilisés pour l'article :
Textes personnels
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