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Crozon - Église Saint-Pierre

Dernière mise à jour : 22 avr. 2023

À l'origine, l'ancienne église de Crozon avait été bâtie au cours du XVIe siècle. Aujourd'hui, l'édifice actuel fut très fortement remanié, voire en grande partie reconstruit entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Cette reconstruction fut réalisée tout en conservant diverses parties de l'ancienne église, notamment le porche du XVIe siècle, le retable dit "des Dix mille martyrs" du XVIIe siècle, la sacristie construite avant la révolution qui fut utilisée comme mairie jusqu'en 1823, mais également la partie la plus récente avant la reconstruction - le clocher en pierre de Kersanton, élevé en 1866. L'ancienne tour qui menaçait de tomber en ruine pouvait ressembler au clocher de l'église de Locronan.

Ainsi, l'édifice que nous connaissons aujourd'hui fut refaite d'après le style néogothique entre 1899 et 1902 par l'architecte Armand Gassis, installé à Châteaulin et connu pour avoir travaillé sur plusieurs églises du Finistère sud. Le chantier de Crozon fut financé au prix de 85000 francs, dont les deux tiers furent pris en charge par la paroisse. Lors des bombardements de 1944, l'église fut très endommagée pendant la Libération, puis fut rénovée après la guerre. Au début des années 1990, l'édifice reçut une remise à neuf avec de nouveaux aménagements, dont l'ajout de bancs pour les fidèles et l'aménagement du chœur.

Plusieurs éléments de l'ancienne église furent conservés. Pour commencer, lors de la reconstruction en 1900, d'anciennes pierres tombales avaient été découvertes dans le sol. Deux d'entre-elles ont été conservées et exposées en fond de l'édifice. Datées du XVe siècle, on y trouve les armoiries d'anciennes familles installées à Crozon, dont le Provost de Trébéron, et les Marchallac'h de Kéramprovost.

Les fonts baptismaux sont du XVIIIe siècle. Sa cuve baptismale sculptée dans le granite et datée de 1742, est faite en deux parties distinctes : la grande cuve conservait l'eau bénite pour les baptêmes. Accolée à cette cuve, un réceptacle était utilisé afin de recevoir l’eau qui coulait sur le front des nouveaux baptisés.

La chaire de l'église de Crozon fut réalisée à la fin du XVIIe siècle par Jean Michelet et Olivier Daniel, menuisiers et sculpteurs installés à Quimper. Construite en chêne, elle est inspirée d'après celle de la cathédrale de la même ville. Les panneaux de la cuve représentent les épisodes de la vie de Saint-Pierre. On y trouve notamment : la pêche miraculeuse, sa libération de la prison sous la conduite d’un ange, son ministère, ainsi que son crucifiement. L’abat-voix est orné de panaches et surmonté d’un ange portant le glaive et sonnant de la trompette. Cette dernière évoque les trompettes de l’Apocalypse qui annoncent l’accomplissement des temps et le Jugement dernier, ainsi que le glaive, la parole de Dieu qui pénètre et juge les cœurs.

Deux magnifiques retables sont à découvrir dans cet édifice. Tout d'abord, le retable du Rosaire : Créé en 1664 par Maurice Leroux, originaire de Landerneau, cet autel est dédié à la Vierge Marie dont les prières les plus cpnnues à son intention sont le bien évidemment le Rosaire, mais également le chapelet. Au centre du retable, la Viere à l'Enfant remet le chapelet à Saint-Dominique et le scapulaire à Sainte-Catherine-de-Sienne. Tout autour de la Sainte-Vierge sont disposés douze médaillons représentant les principaux mystères, associés au prières dédiées à Notre-Dame.

Le second retable, est dédié au dix mille martyrs. Installé dans la chapelle sud, est datée du XVe siècle et fut classé en 1906. Il s'agit d'une pièce sculptée polychrome dédiée d'après son nom, au souvenir des dix mille martyrs du Mont Ararat (montagne située en Turquie), de légionnaires exécutés pour leur foi sous le règne de l’empereur romain Hadrien, né en 117 et mort en 138 après Jésus-Christ.

Le retable est posé sur ce qui semble être le maître-autel de l'ancienne église jusqu'en 1754, avec n tabernacle et deux bas-reliefs. Ces derniers, de provenance autre que celle du retable représentent la flagellation et la chute de Jésus, portant la croix. Les XVe et XVIe siècles connaissent par ailleurs de nombreux témoignages du souvenir et la dévotion pour les 10 000 légionnaires mis à mort sur le mont Ararat, parfois confondus avec ceux de la Légion thébaine et Saint-Maurice, envoyés par l’empereur Maximien pour combattre les Bagaudes. Les chrétiens de cette légion auraient été massacrés pour avoir refusé de sacrifier aux dieux.

Des artistes comme Dürer ou Vittore Carpaccio, peindront l’évènement. Le Livre d’heures d’Anne de Bretagne consacre une page aux dix mille martyrs. Un religieux jacobin d’Amiens, le frère Michel Le Flemang, a écrit sur le sujet: le mystère des dix mille martyrs.

L’auteur de ce retable est sans doute local si on admet la facture rustique de la sculpture. Plusieurs artistes y ont travaillé : les volets sont traités en bas-relief et les panneaux centraux en ronde bosse. De plus, les vêtements des personnages sont encore traités différemment.

Si la date de 1624 est gravée en haut à gauche de l’œuvre, il ne s’agirait en fait que d’une restauration ou une réorganisation des panneaux. Si l’on considère l’importance de la dévotion et du style, l’œuvre date du début du XVIe siècle. De l'autre côté était peinte une crucifixion, mais à la Révolution, le curé constitutionnel Savina qui avait fermé le retable, fit lessiver la peinture, "afin [écrit-il] d’ôter à certains républicains que semble choquer la vue de ces objets, tout prétexte de traiter de fanatiques". Le triptyque principal, en chêne, est surmonté d’un autre plus petit, représentant la communion des soldats avant leur martyre, et sur les deux volets, les quatre évangélistes avec leurs symboles traditionnels : l’ange de Saint-Matthieu, le lion de Saint-Marc, le bœuf de Saint-Luc et l’aigle de Saint-Jean.

L’ordre des panneaux, malgré les démontages successifs, notamment en 1783 et 1900, suit assez fidèlement le déroulement du récit tel qu’il était connu au Moyen Âge, par la compilation des "Acta sanctorium", dont les petits Bollandistes ont assuré la diffusion.

Au temps de l’empereur Hadrien qui avait succédé à Trajan, des peuples d’Arménie s’étant révoltés contre les Romains, firent lever une armée de plus de cent mille hommes pour disputer leur liberté. Ceux qui commandaient pour l’empereur en Arménie armèrent aussitôt un corps d’armée de seize mille soldats. Mais beaucoup d’entre eux, effrayés par le nombre de leurs adversaires, prirent la fuite. Neuf mille légionnaires pourtant, animés par le tribun Acace Garcère, ont préféré s’exposer à la mort pour la gloire du nom romain que de conserver leur vie par une action indigne.

Pour en revenir à l'église de Crozon, celle-ci possède des vitraux très intéressants : Il ne reste aujourd'hui plus rien des vitraux originaux. Les vitraux actuels situés dans le chœur ont à l'origine été réalisés par le maître-verrier nantais, Félix Razin. Représentant respectivement l'adoration des mages, la mort sur la croix, la Pentecôte dans le chœur, et la Cène, le pêche miraculeuse, la conversion de Saint-Paul ainsi que Sainte-Anne dans transept, ils furent installés en 1939 mais malheureusement détruits par les bombardements en juin 1944. Cependant, une copie des dessins des vitraux ayant été conservés ils furent refaits à l'identique et remis en place en 1950.

Pour finir, d'autres vitraux sont également dans l'église, au niveau de la nef et furent créés par Marie-Jo Guével et posés entre 1981 et 1982.


Avant de passer à l'historique des cloches de l'église de Crozon, voici diverses photos prises à l'intérieur de l'édifice :



Les cloches

Il ne reste aujourd'hui plus rien de l'ensemble campanaire antérieur à celui que nous avons la chance d'admirer. Toutefois d'après les archives locales, on sait que trois cloches étaient à l'origine installées jusqu'en 1944. En effet, endommagées au cours des bombardements, elles furent fêlées et criblées de balles, les réduisant ainsi au silence. Nous connaissons toutefois leurs dates de fonte, leurs noms de baptême. La plus grande, datant de 1902 se nommait Jeanne-Marie et pesait 1160kg (toujours d'après les archives). La seconde cloche fut quand à elle fondue en 1905 et se nommait Marie-Françoise. La plus petite et également la plus ancienne datait de 1860 (semblait donc être antérieure au clocher actuel), et se nommait Marie-Ernestine-Jeannie. À noter que contrairement à la grande cloche, nous ne connaissons pas le poids des deux autres.

C'est en 1961 qu'est lancé le chantier de la création d'un nouvel ensemble campanaire pour l'église de Crozon, mis en oeuvre par la fonderie très réputée Cornille-Havard; située à Villedieu-les-Poêles, dans la Manche. Les trois anciennes furent dans un premier temps descendues pour être envoyées à la refonte, afin d'être ensuite remplacées par quatre nouvelles cloches. Fondues le 6 mai 1961, la bénédiction du nouvel ensemble campanaire eut lieu 15 jours plus tard, le 22 mai. De la plus grande à la plus petite, elles portent le nom de Marie-Paule, Marie-Jeanne-Élisa, Marie-Thérèse et Marie-Corentine. Leurs poids seraient d'environ 1100kg, 800kg, 550kg, et 400kg. L'accord musical formé par ces cloches est un accord majeur complété en Sib3, Sol3, Fa3 et Mib3.


Nom: Marie-Paule Note:Mib3 Date: 1961 Poids: Environ 1100kg Diamètre: 1250mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


JE CHANTE LA CONCORDE L UNION ET LA PAIX


EN L AN DE GRACE 1961

SOUS LE PONTIFICAT DE S S JEAN XIII

J AI ETE BENITE

PAR SON EXCELLENCE Mgr ANDRE FAUVEL

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEON

Mr L ABBE YVES LE BIHAN ETANT CURE DOYEN

Mr ALBERT LANN MAIRE

DE CROZON


J AI ETE NOMMEE

MARIE PAULE

PAR

MMrs LOUIS MOULIN ET LOUIS LESCOP

CONSEILLERS MUNICIPAUX

PARRAINS

ET Mme ROIGNANT NEE FRANCOISE GLEDIC

Melle MARCELLE LE ROUX

MARRAINNES


CORNILLE HAVARD VILLEDIEU


Nom: Marie-Jeanne-Élisa Note: Fa3 Date: 1961 Poids: Environ 800kg Diamètre: 1110mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


J APPELLE LES FIDELES A LA PRIERE


EN L AN DE GRACE 1961

SOUS LE PONTIFICAT DE S S JEAN XIII

J AI ETE BENITE

PAR SON EXCELLENCE Mgr ANDRE FAUVEL

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEON

Mr L ABBE YVES LE BIHAN ETANT CURE DOYEN

Mr ALBERT LANN MAIRE

DE CROZON


J AI ETE NOMMEE

MARIE JEANNE ELISA

MMrs TANGUY BOUCHARE ET CORENTIN SEZNEC

PARRAINS

MMmes LARGENTON NEE ELISA RIOU

ROUSSEL NEE MARIE QUERE

MARRAINNES


CORNILLE HAVARD VILLEDIEU


Nom: Marie-Thérèse Note: Sol3 Date: 1961 Poids: Environ 550kg Diamètre: 990mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


QU ELLE CHANTE OU QU ELLE PLEURE

MA VOIX TOUJOURS PRIE


EN L AN DE GRACE 1961

SOUS LE PONTIFICAT DE S S JEAN XXIII

J AI ETE BENITE

PAR SON EXCELLENCE Mgr ANDRE FAUVEL

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEON

L ABBE YVES LE BIHAN ETANT CURE DOYEN

Mr ALBERTLE LANN MAIRE

DE CROZON


J AI ETE NOMMEE

MARIE-THERESE

PAR

MMrs LOUIS MAMMANI C P ET ALAIN DERRIEN

PARRAINS

ET MMmes DREVILLON NEE THERESE GUILLOU

CORNEC NEE MARIE JEANNE BEAUGUION

MARAINNES


CORNILLE HAVARD VILLEDIEU


Nom: Marie-Corentine Note: Sib3 Date: 1961 Poids: 400kg Diamètre 860mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


JE CHANTE LA GLOIRE DE DIEU


EN L AN DE GRACE 1961

SOUS LE PONTIFICAT DE S S JEAN XXIII

J AI ETE BENITE

PAR SON EXCELLENCE Mgr ANDRE FAUVEL

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEON

L ABBE YVES LE BIHAN ETANT CURE DOYEN

Mr ALBERTLE LANN MAIRE

DE CROZON


J AI ETE NOMMEE

MARIE CORENTNE

PAR

MMrs JOSEPH SENECHAL ET HENRI CRAVERAN C P

PARRAINS

ET MMmes FEREC NEE MARIE BOEZENNEC

TANIOU NEE CORENTINE LE BERRE

MARRAINNES


CORNILLE HAVARD VILLEDIEU


La vidéo (sonnerie de l'Angélus)


Nous tenons à remercier la Municipalité, ainsi que la paroisse de Crozon pour leur autorisation afin de visiter le clocher pour découvrir les cloches de l'édifice. Pour ma part, je tiens à remercier encore une fois Matthieu JULES pour m'avoir fait découvrir la presqu'île de Crozon, dont la commune est le chef-lieu. Un grand merci également au frère de Matthieu pour l'aide apportée à la réalisation de cette vidéo, qui fut très précieuse lors de notre visite.


Sources des textes utilisés pour l'article :

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