L'ancienne église de Tinténiac est mentionnée pour la première fois dans le cartulaire de l'Abbaye Saint-Georges de Rennes en 1032, lors de la donation d'un vaste territoire autour de Tinténiac, à sa sœur Adèle. Ainsi, il semblerait que l'ancien édifice possédait des parties remontant entre le XIème et le XIIème siècle. Certaines parties de l'ancienne églises sont encore visibles aujourd'hui : on peut encore voir les deux piles romanes en moellons réguliers et arêtes vives sans chapiteaux ni bases visibles, sur lesquelles s’appuyait la retombée de l'arc triomphal.
L'édifice alors roman connaîtra de nombreux remaniements au cours des siècles suivants.
Vers l'an 1380, l'abside fut abattue car lézardée et en mauvais état. Elle a été remplacée par un chevet droit dans lequel une grande et haute fenêtre fut ouverte. Celle-ci est de style rayonnant à trois meneaux surmontée sur son tympan de sept rosaces de différentes dimensions.
Au XIVe siècle, un porche ouvert de trois arcades ogivales à été édifié côté sud. Ces arcades sont soutenues par des colonnes trapues, ornées de bases et de chapiteaux très simples, accosté de larges contreforts à un ressaut. Ce porche se continuait vers l'est par une quatrième arcade encore plus large située en face de la porte sud. Une cinquième arcade posée à angle droit formait la façade ouest du porche appelé "le chapitreau", lieu ou se réunissait "le Chapitre".
L'aspect de l'église change une nouvelle fois au XVème siècle par le biais de nouvelles modifications.
La porte romane de la façade est remplacée par une riche porte flamboyante à nombreuses voussures ornée de pinacles et surmontée d'une archivolte à chaux frisés auxquels se mêlent des vrilles de vigne. chacune des extrémités de la voussure principale abrite un lièvre tapi.
En 1444, Perrine de Feu, alors Abbesse de Saint-Georges, fit réparer la chapelle du transept nord affectée au Prieuré de Tinténiac. L'occasion se présenta donc afin d’affirmer sa supériorité en tant que fondatrice. Elle fit ouvrir dans le pignon nord une haute fenêtre à deux meneaux avec une rosace au tympan. Aussi, les fenêtres romanes ont été remplacées par des fenêtres ogivales. Par ailleurs, d'autres travaux sont également engagés à cette même période : une chapelle ogivale est construite à côté du transept sud. Elle était éclairée par deux fenêtres rayonnantes et appartenait à la seigneurie de Montmuran. Il est également à noter qu'une autre construction fut faite du côté nord de ce transept Ce qui rend à l'église une tout autre allure!
D'autres remaniements furent réalisés tout au long du XVIe siècle. Les XVIIe, XVIIe siècle furent également marqués par divers travaux et ce, jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ils concernaient aussi bien le mobilier, que des rénovations à cause de l'usure du temps.
Du fait de l'état de délabrement avancé de l'ancienne église, la décision est prise de reconstruire l'édifice, ou de bâtir une nouvelle église, dès l'année 1885 que la construction d'une nouvelle église est envisagée. Différents projets sont donc ainsi proposés par l'architecte Arthur Régnault. Après bien des démarches longues, mais finalement fructueuses, les premières fondations sont posées au mois de février 1900. Deux ans plus tard, l'avancement des travaux permet d'achever la première partie de la reconstruction au milieu du mois d'août 1902. Il semblerait par ailleurs que c'est à partir de cette même période que l'ancienne église est laissée à la démolition (celle-ci étant prise en charge par le conseil de fabrique de l'époque) qui la détruisent. Ils laissent cependant les parties de l'église datant des XIe et XIIe siècle qui seront réutilisées pour le nouvel édifice.
Les travaux se poursuivent, aussi entre l'année 1903 et 1905, les travaux se déroulent normalement jusqu'au 9 décembre 1905. En effet, la loi relative à la séparation des Églises et de l'État. Cela obligera l'arrêt des travaux sur l'église pour une durée de presqu deux ans.
La reprise de travaux est finalement engagée en 1907. Cette date est d'ailleurs indiquée par une inscription à la base de la tour du clocher. La flèche est terminée au cours du 3èe trimestre de cette année, aussi les travaux extérieurs seront officiellement terminés autour du 11 août 1908, date à laquelle la cloison séparant les deux parties de la nouvelle église est finalement retirée, ce qui permet de la découvrir pour la première fois dans son intégralité. L'église de la Sainte-Trinité est finalement inaugurée le 23 août suivant, toujours en 1908, en présence de Mgr Dubourg, Archevêque de Rennes; de l'Abbé Lefrançois (successeur de l'Abbé Lemaître qui avait engagé les procédures et la première partie des travaux), et de nombreux autres invités. Ce fut don grandiose. Àprès la cérémonie, il restera encore d'autres travaux qui concerneront le mobilier, dont de divers ajouts qui seront entrepris par les successeurs de l'Abbé Lefrançois et exécuté par Arthur Régnault, jusque dans les années 1920 et ce, à l'âge de 81 ans. Il est par exemple intéressant à noter que le maître-autel de l'ancienne église a été mis en place provisoirement en attendant l'arrivée du nouvel autel en marbre et son ciborium (aujourd'hui en place), destinés à l'église actuelle.
Avant d'aller plus loin, voici quelques photos de l'intérieur de l'église
Les cloches
L'église possède aujourd'hui 4 cloches. Parlons tous d'abord de celles qui se trouvent dans le clocher. Elles sont au nombre de trois. Ces cloches sont toutes dédiées à Notre-Dame. L'ensemble campanaire est en fait plus récent qu'il n'en a l'air. En effet, la plus petite a été fondue par André Peeters à Villedieu-les-Poêles en 1937, tandis que les cloches 2 et 1, plus récentes ont été fondues par Marguerite Cornille en 1953 et bénites le 22 mars de la même année. Ces cloches forment ainsi un accord en Pater-Noster en Mi3, Ré3 et Do3. Mais d'après que ce nous avons su de la part de l'Abbé Bernier, il semblerait que, d'après des anciens de la paroisse, les cloches étaient apparemment plus lourdes, car leurs sons étaient plus graves. Il y a donc peut-être eu une sonnerie avec un bourdon par le passé. Cela serait plausible et même sans doute, logique, car le clocher nous paraissait assez grand pour un édifice aussi grand qu'est l'église de Tinténiac. Pour finir, une dernière cloche reste à vous présenter. Elle se trouve dans un des clochetons, au-dessus de la sacristie et est fixe. Nous n'avons aucune idée, ni sur sa provenance, ni sur sa date, mais ce dont on est certains, c'est sur son ancienneté, car elle a un sonorité assez "baroque". Lors de notre visite, nous avions essayé de la faire tinter, mais la corde (reliée au battant), s'est rompue, bien que ayons réussi à connaître sa note. Il s'agit d'un Si3. Suite à notre visite, la corde fut remplacée par une autre en matière synthétique et est aujourd'hui tinté régulièrement, soit pour annoncer les messes de semaine (si je me souviens bien), ou encore pour la consécration les jours de fêtes de 1ère classe.
En tout cas, ce fut un plaisir de découvrir cet ensemble campanaire des plus intéressants.
Nom: Notre-Dame-de-l'Assomption Note: Do3 Date: 1953 Poids: 1973kg Diamètre: 1504mm Fondeur: Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
L AN 1953 LE 22 MARS
J AI ETE BENITE PAR SON Exc Mgr RIOPEL EVEQUE AUXILIAIRE
DE S E LE CARDINAL ROQUES
J ELUARD ETANT CURE A GOUGEON VICAIRE
CH PROVOST MAIRE D DUPUIS ADJOINT
MM HALLOUX LEGRAND PROVOST MORIN CONSEILLERS PAROISSIAUX
M CORNILLE ; VILLEDIEU
JE PORTE LE NOM DE NOTRE DAME DE L ASSOMPTION
PATRONNE DE LA PAROISSE DE TINTENIAC
J AI POUR PARRAINS POUR MARRAINES
BERNARD BERTHAULT MARIE THERESE CHANTREL
ALAIN MAUNY MARYVONNE ETIENNE
BERNARD VACHER LUCIENNE BERTHAULT
Nom: Notre-Dame-de-Pont-Main Note: Ré3 Date: 1953 Poids: 1333kg Diamètre: 1320mm Fondeur: Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
L AN 1953 LE 22 MARS
J AI ETE BENITE
PAR S Exc Mgr RIOPEL EVEQUE AUXILIAIRE
DE S E LE CARDINAL ROQUES
J ELUARD ETANT CURE A GOUGEON VICAIRE
CH PROVOST MAIRE D DUPUIS ADJOINT
MM HALLOUX LEGRAND PROVOST MORIN
CONSEOLLERS PAROISSIAUX
M CORNILLE ; VILLEDIEU
JE PORTE LE NOM DE NOTRE DAME DE PONT MAIN
3 FOIS LE JOUR J INVITE LES FIDELES DE TINTENIAC
A PRIER POUR LA PAIX
ET POUR LES MORTS
J AI POUR PARRAINS POUR MARRAINES
ALAIN REHAULT YVONNE TESTIER
CHARLES LEBRETON MARIEANNICK BELAN
BERNARD METIVIER MARIE CLAUDE TESSIER
Nom: Notre-Dame-de-Lourdes Note: Mi3 Date: 1937 Poids: 977kg Diamètre: 1190mm Fondeur: André Peeters à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
L AN 1937
J AI ETE BENITE
PAR S. Excel Mgr RENE MIGNEN ARCHEVEQUE DE RENNES DOL ET St MALO
EN PRESENCE DE Mr L ABBE GROSSARD
CURE DOYEN DE TINTENIAC
DE Mr L ABBE ROUSSEL VICAIRE
ET DE Mr DESIRE CHANTREL MAIRE
M M JULES MORIN TOUSSAINT HALOUX
CELESTIN LEGRAND ANDRE FERRE
CONSEILLERS PAROISSIAUX
JE ME NOMME
NOTRE DAME DE LOURDES
J'AI POUR PARRAINS ET MARRAINES
MmE MARY M ET Mme FERRE Mme MAXIMIN LEGRAND
Mme PIROT M ET Mme PROVOST Mme LEON CHANTREL
Mr YVES GICQUIAUX Mr ET Mme DELAMOTTE Mr ET Mme LEMETAYER
Mr ET Mme DESIRE CHANTREL MAIRE ET Mme BOUCHER
Mr ET Mme GROSSE Mr ET Mme CHAROT Mme Vve ANGE BOUTIER
A. PEETERS A VILLEDIEU MANCHE
Nom: NC Note: Si3 Date: 17ème 18ème ? (Non vérifiée, mais plutôt ancienne du fait de sa sonorité assez "baroque") Poids: NC Diamètre: NC Fondeur: NC
La vidéo
Je tiens tout d'abord à remercier sincèrement la municipalité de Tinténiac, ainsi que l'Abbé Bernier, Curé de la paroisse pour leurs autorisations afin d'étudier, répertorier et enregistrer les cloches de l'église. Je remercie également l'Abbé Bernier pour son accueil, le jour de notre visite Je tiens également à Remercier Arthur (alias "Fanacloche") et à François pour avoir accepté notre invitation, pour la mise à disposition de leur matériel pour la réalisation de cette vidéo.
Sources des textes utilisés pour l'article :
Ouvrage intitulé "Une église de l'architecte rennais Arthur Régnault Tinténiac 1900-1908 " par Dominique Provost, paru à l'occasion du centenaire de l'église de Tinténiac (1908-2008)
Textes personnels