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Quimper - Cathédrale-Basilique Notre-Dame-et-Saint-Corentin

Les origines de la cathédrale, dédiée à Notre-Dame et Saint-Corentin, premier évêque de Quimper, remontent au IXe siècle. L’édifice actuel se trouve à l’emplacement où plusieurs se sont succédé. On ne sait cependant pas grand-chose à leur sujet, faute de textes et de fouilles archéologiques. Ce que l’on sait, c’est qu’une première cathédrale pré-romane fut élevée sous l’épiscopat de Félix, alors titulaire du siège en l’an 835, qui sera cependant déposé par Nominoé en 849, sous prétexte de simonie.

Les traces d’un nouvel édifice de la période romane remontent quant à elles entre les XIIe et XVe siècle. Un chapiteau, retrouvé en 1879 dans la façade d’une maison à proximité de la cathédrale, est aujourd’hui conservé au musée départemental breton, étant ainsi le seul vestige de l’ancien édifice encore existant. Bien qu’attesté entre 1128 et 1424 l’ancien monument n’a en outre jamais fait l’objet d’études ou de recherches archéologiques. Ce chapiteau, probablement réalisé dans le dernier quart du XIe siècle et de forme presque cubique est orné d’une couronne de feuillages débordants dont les tiges forment aux angles des quatre-feuilles. Il proviendrait du rond-point de la cathédrale.

Différents éléments de cette période romane sont cependant connus sur les alentours. La situation de l’édifice dans le centre historique de Quimper laisse ainsi entendre que sa construction fut liée à la réorganisation de l’espace public. En effet, les fouilles archéologiques nous apprennent que l’actuelle place Laënnec avait accueilli un grand cimetière entre l’an 1060 et l’an 1080, traversé par des allées convergeant vers la nef de l'actuelle cathédrale gothique, emplacement supposé de la cathédrale romane. L’archéoloque Jean-Paul le Bihan émit l’hypothèse que ce grand projet urbain ait été ordonné par Hoël II, duc de Bretagne et comte de Cornouaille, dont la famille a fréquemment été associée à la charge d'évêque de Quimper La dévotion et le culte de Saint-Corentin était par ailleurs très vivace chez les princes cornouaillais. En outre, cette période de construction commençant aux alentours de 1070 correspond avec le chapiteau roman mentionné précédemment.

La situation et le positionnement de la cathédrale est quelque peu spécifique. Suite à la découverte de vestiges d’une abside en 1992 sous le bras nord du transept gothique, il fut ainsi supposé que la cathédrale appartenait à un ensemble comprenant un baptistère, probablement de plan circulaire et construit à l’arrière du chevet roman. Cette construction architecturale était encore attestée en 1440, où une chapelle dédiée à la Vierge, issue d’une fondation comtale en 1031 y fut associée. De même, une autre hypothèse également envisagée est que l’édifice roman placé sous la nef et situé sous le chœur de l’actuelle cathédrale gothique permit la conservation d’un monument plus ancien, le temps d’achever les des travaux de l’époque. De plus, cet emplacement s’avère être mieux protégé lors des grandes marées pouvant remonter le cours de l’Odet, fleuve traversant la vieille ville.

La date de démolition de l’édifice roman n’est toutefois pas précisément déterminée : Selon les spécialistes, soit le chœur fut démoli en 1424 afin que succède la nef gothique, soit la cathédrale fut entièrement détruit avant le début du chantier.

La construction de la cathédrale gothique s’est déroulée en deux phases entre le XIIIe et le XVe siècle.

Commencés par le chevet, les travaux d’édification débutèrent sous l’épiscopat de Rainaud, chancelier de Pierre Mauclerc comme en attestent divers éléments, dont la concession en 1239 ainsi que des "annates" (impôt perçu par le pape sur les bénéfices ecclésiastiques) de toutes les églises du diocèse, le caractère rayonnant de la construction pouvant notamment s’expliquer de part l’origine française de l’évêque Rainaud, ainsi que la présence d’un enfeu portant le nom de "Raynaldus", dans la travée d'axe du déambulatoire, le défunt étant identifié à l’évêque cité précédemment. Cette supposition s’appuie également d’après l’emplacement des tombes des évêques Hervé de Landeleau (mort en 1261 et attesté au milieu du chœur des chanoines au XVIIe siècle) et Yves Cabellic, décédé vers 1280. Ce dernier aurait été inhumé dans la deuxième chapelle nord du déambulatoire.

Ainsi, la chronologie de l’édification proposée par certains historiens est la suivante : Lancé en 1239 le chantier de la cathédrale progresse lentement, et à la mort de Hervé de Landeleau les piliers du chœur étaient déjà implantés. En 1280, le déambulatoire nord est en cours de construction et le premier niveau d’élévation (ou au moins le rond-point), fut vraisemblablement achevé vers 1287, date à laquelle il fut consacré afin de servir au culte, alors que la chapelle dédiée à Notre-Dame de la Victoire ait été terminée à la fin du XIIIe siècle et consacrée en 1295. Le déambulatoire sud aurait ensuite été construit dans les années 1330 avant une interruption de chantier, en raison de la guerre de Succession de Bretagne. L’achèvement du chevet ne sera alors qu’effectif sous l’épiscopat de Gatien de Monceaux, qui fera bâtir et peindre les voûtes hautes entre 1408 et 1417. Cependant, différentes hypothèses sont également suggérées par d’autres spécialistes, notamment Yves Gallet qui propose de dater la construction de l’édifice plus tardivement, sur cinq phases de chantier distinctes, reposant sur des comparaisons stylistiques entre les voûtes de la partie tournante du déambulatoire, et d’autres édifices comme les cathédrales de Chester et Exeter a Royaume-Uni, ou encore la collégiale Notre-Dame d’Uzeste en France.

La nef gothique de la cathédrale sera quant à elle édifiée au cours du XVe siècle sous l’impulsion de Bertrand de Rosmadec, évêque de Cornouaille qui fera poser la première pierre en 1424. Le transept et la nef de l’ancienne cathédrale disparaîtront alors progressivement.

Une première étape de construction, achevée avant 1433, voit la réalisation de la façade avec le début des deux tours, des portails des baptêmes au nord et de Sainte-Catherine au sud, portant les armes de la duchesse Anne de France. Les collatéraux nord et sud suivent après, succédé par le raccordement du chevet rayonnant et l'amorce des murs des transepts est et ouest. Enfin, les piles du haut vaisseau central sont implantées. Le voûtement des collatéraux est engagé en deux temps, avec la construction simultanée de chapelles latérales qui étaient encore manquantes jusque-là. Par ailleurs, cette phase d’édification peut être datée par la présence sur la clé de la voûte de la deuxième travée du collatéral nord, des armes du chanoine Pierre de Quenquis, mort en 1459. C’est aussi à cette même époque que les voûtes des travées orientales du vaisseau central sont achevées. Idem pour les voûtes des travées orientales des collatéraux avec la démolition des derniers vestiges de l’ancienne cathédrale romane. Par la suite, les parties hautes de la nef sont bâties et reçoivent leur charpente avant 1467, année où la couverture fut commandée par la suite, suivie par le montage de la flèche de croisée en 1468. Leur voûtement de ladite charpente et la mise en place des peintures ne seront effectives qu’entre 1489 et 1493, après la construction du transept, érigé dans la seconde moitié du XVe siècle. Son bras nord sera quant à lui bâti entre 1475 et 1486, en même temps que la voûte de croisée. Enfin, les flèches n’ont été réalisées que modestement au XVIe siècle sous l’épiscopat de Claude de Rohan. Celles-ci ne seront achevées qu’au XIXe siècle.

Au XVIIe siècle, la cathédrale de Quimper fit l’objet d’importantes modifications intérieures dans les années 1640. Sont ajoutés entre 1643 et 1646, un jubé, ainsi qu’un orgue avec tribune, commandé au facteur Robert Dallam. Ce siècle est par ailleurs marqué par deux incendies majeurs. La toiture de la tour nord est d’abord victime de ravages par les flammes en 1613. Quelques années plus tard, un feu encore plus grave survient en 1620, suite à un impact de foudre, foudroyant la flèche de la tour de plomb. En outre, selon la légende et dans une tentative d’éteindre le feu, on y approcha tout d’abord les saintes reliques de la cathédrale, ce qui n’eut cependant aucun effet. De plus, le feu continuait sa progression malgré l’utilisation de 150 barriques d'eau et d'une cinquantaine de charretées de fumier. Pour lutter contre ce fait de sorcellerie, les chanoines décidèrent alors de jeter dans le brasier un pain de seigle renfermant une hostie et d’asperger le tout d’eau bénite mélangé à du lait de femme. Par miracle, démon quitte les flammes et le feu s'éteint, cependant le clocher en sera totalement ruiné. Toutefois, la légende ne manque pas d’affirmer que le pain de seigle contenant l'hostie fut retrouvé intact au milieu des cendres. Cette anecdote est connue sous le nom du "diable de Quimper-Corentin".

Au milieu du XVIIIe siècle la cathédrale est garnie de ses échoppes vers 1740. Au cours de la période révolutionnaire l’édifice fut transformé en temple de la Raison et ses échoppes fabriciennes accrochées aux flancs furent converties en débits de boissons. En outre, mobilier, objets sacrés et statues polychromes sont brûlés ou dispersés. Le jubé ainsi que la clôture du chœur sont également détruits, cette clôture ayant été ensuite remplacée par une grille en fer. D’après la tradition locale, un menuisier du nom de Daniel Sergent, réussit à les prétendues reliques de saint Corentin et celles du bienheureux Jean Discalceat aux profanations de la Révolution et de les transférer à l’église d’Ergué-Armel. Rendue à sa vocation religieuse lors du Concordat de 1801,ne seront restituées à la cathédrale que les reliques de Saint-Corentin. Au cours du XIXe siècle toutefois, cette période ne sera pas exempte de vandalismes ou de scandales, comme en témoignent le portail ouest défiguré en 1820 et l’ossuaire détruit en 1847. Et qui dit scandales, dit aussi sacrilèges et profanations : Dans la ville de Quimper, vers 1838, les cabarets les plus prospères jouxtaient alors la cathédrale, ou y étaient accolés. De surcroît, l’un d’eux avait même une porte donnant directement sur le porche. Sans donner plus de détails et suite à ces outrages, la municipalité fit par la suite détruire plusieurs de ces cabarets.

Sous l’impulsion de Mgr Joseph-Marie-Graveran alors évêque de Quimper et inspiré par les reconstitutions de l’architecte Viollet-le-Duc, une importante campagne de restauration planifiée sur plusieurs décennies est confiée à l’architecte diocésain Joseph Bigot. Dans le cadre de ces travaux Mgr Graveran souhaite notamment reprendre le projet des flèches qui avait été ébauché au XVIe siècle sous l’épiscopat de Claude de Rohan. Afin d’y parvenir, il imposa le "sou de Saint-Corentin" à ses fidèles, consistant à ce que chaque habitant du diocèse donne un sou par an au diocèse pendant cinq ans, afin de financer les travaux de 150000 francs de l’époque. Dressées par Joseph Bigot, les deux tours seront réalisées en trois ans, de 1854 à 1856 par le maître-maçon Pierre Nestour et le tailleur de pierre Corentin Quéré. Dans le même temps, le peintre verrier Émile Hirsch réalise 23 verrières jusqu’en 1875, toujours sous la direction de l’architecte.

À propos de l’aménagement intérieur, le successeur de Mgr Graveran, Mgr René-Nicolas Sergent, confie l' ornementation picturale des murs du pourtour du chœur des chapelles au peintre Yan’ Dargent, de scènes tirées de l'évangile et de "La légende dorée". Ces travaux sont conduits entre 1871 et 1883 en utilisant la technique de la peinture à la cire et à l'huile appliquée sur un enduit sec. Parmi ces œuvres, on y trouve aussi quelques scènes d'histoire locale.

La clôture de chœur fut commandée au ferronnier et serrurier parisien Jules Everaert, qui réalise une grille en fer forgé d’1,70m de hauteur, de 1866 à 1868. De 1875 à 1876 ce dernier installera également une grille en fer ouvré au-dessus des stalles en châtaignier. Le fameux "autel d’or", présenté à l’exposition universelle de 1867, l’ancien maître-autel de la cathédrale en chêne, recouvert de bronze doré et émaillé, sous un baldaquin à séraphins et l’œuvre de l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand et offert en cadeau par Napoléon III, premier chef d'État français à se déplacer officiellement à Quimper. Compte-tenu du caractère historique important, l cathédrale de Quimper fut classée aux Monuments Historiques en 1862.

Malgré l'importante campagne de restauration menée par Joseph Bigot, la cathédrale est victime de désordres qui nécessitent la réalisation de travaux, dans le cadre des lois de programme sur les monuments historiques. Ces chantiers se dérouleront en deux temps, de 1989 à 1993, puis de 1996 à 1999. Par la suite, des opérations de rénovations s’échelonneront pendant une vingtaine d’années au total, subventionnées par le Ministère de la Culture, par le biais des services de la DRAC Bretagne. Les structures de l’édifice font également l’objet de consolidations. En effet, en 1982, des études faites à cette époque révèlent des fissures dans les voûtes du chœur malgré le remplacement des tirants métalliques au XIXe siècle, ceux-ci ayant été précédemment installés dès 1777. Cela implique le recentrement des charges pour pallier le déversement des culées d'arc-boutants. Cette restauration avait en outre pour objectif : le remplacement des pierres abîmées, le traitement des badigeons ainsi que la création d'un mobilier liturgique contemporain (maître-autel, cathèdre et ambon), réalisés en 1999 par le sculpteur Pierre Manoli. Une restitution partielle de la polychromie fut également menée bien que cela fasse l’objet d’interrogations. Toutefois, celle-ci repose sur des découvertes effectuées au cours des différents chantiers de la fin du XXe siècle, ainsi que sur des mentions et descriptions anciennes : par exemple, un décor d'ocre jaune et rouge sur les nervures est visible dans le chœur, contrastant de de fait avec des voûtains simplement chaulés. Cette même polychromie est aussi appliquée dans la nef sur les nervures, avec les voûtains recevant un badigeon à décor de fausses pierres ocres rouges séparés par de faux joints clairs. La restauration du chœur achevée en 1993, fut inauguré au cours des 12 au 13 décembre de la même année, en la solennité de Saint-Corentin. Ces restaurations sont aussi engagées sur la nef de 1995 à 1999. Puis le grand orgue de 1995 à 2003. Les tours de façade seront ensuite revalorisées entre 2004 et 2007. Le portail occidental, souffrant alors de nombreux défauts fut alors le point final de ce chantier titanesque, achevé et inauguré le 12 décembre 2008. Les vitraux seront également restaurés avec grand soin au cours de cette période, les plus anciens étant datés du XVe siècle.

Une des originalités les plus marquantes de la cathédrale de Quimper, lorsqu’on y vient pour la première fois, concerne l’axe de la nef. Lorsque l’on porte notre regard depuis le fond de l’édifice, les visiteurs pourront en effet constater que celle-ci part de travers – en raison d’une déviation de 10° vers la gauche – cela serait dû selon plusieurs hypothèses, dont deux notamment : la première, plus symbolique, aurait pour but de rappeler la position de la tête du Christ sur sa croix. La seconde, plus vraisemblable serait que ce désaxement permet ainsi d’éviter un sol humide et trop instable à proximité de la rivière.

Pour en savoir plus sur le mobilier et la statuaire, ainsi que sur l’histoire des orgues de la cathédrale, je vous invite à consulter les liens que vos trouverez à ce sujet, dans les sources indiquées à la fin de cet article.


Avant de continuer la lecture et de vous présenter l'ensemble campanaire de la cathédrale, avec son beffroi nord restauré avec l'ajout d'une nouvelle cloche, je tiens à vous présenter les nombreuses photos prises avant, puis lors de notre reportage



Les cloches

Depuis le mois de décembre 2023, dix cloches sont réparties entre les tours de la cathédrale, dont sept d'entre-elles résonnent quotidiennement au cœur de la ville de Quimper !

Permettez-moi de débuter cette présentation en commençant par les plus anciennes. À l'origine, trois cloches d'horloge étaient installées entre les deux tours dans une structure en fonte, située derrière la statue du Roi Gradlon. Elles étaient utilisées jusqu'à la fin du siècle dernier. La plus grande de ces dames de bronze, fut réalisée en l'an de grâce 1312 et bénie par Mgr Alain Morel (dont on retrouve gisant dans le chœur de la cathédrale, surmonté d'un blason orné de trois cloches), fut descendue en 2016 lors de travaux de rénovation et finalement déposée près du baptistère au fond du monument, afin de la préserver. Fondue dans un profil dit, de ruche, caractérisé par sa forme allongée, typique de cette époque médiévale, elle provient de la chapelle du Guéodet. Lorsque cet ancien édifice avait été démoli en 1805, la décision fut prise de transférer l'horloge à la cathédrale un an plus tard, en 1806.

Portant le nom de Marie, elle mesure 970mm de diamètre pour un poids d'environ 550kg. En outre, il s'agit de la plus ancienne cloche du Finistère, mais également de Bretagne encore existante ce jour. Elle fit ainsi l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques le 28 janvier 1922. Sa note donne le Lab3. Aujourd'hui, seules les deux petites cloches sont restées accrochées au-dessus de la grande salle. La première fut réalisée en 1830 par Viel Aîné, fondeur de cloches à Quimper, cependant la petite quant à elle reste peu bavarde de part l'absence d'inscriptions, en plus d'être non signée. Ces deux petits timbres, émettent les notes du Sol et du Mi bémol de 4ème octave et ne portent pas de nom

Après cette première présentation, parlons à présent des "grandes voix de la cathédrale", comme je pourrais ainsi les appeler, réparties entre les beffrois nord et sud.

C'est d'ailleurs dans cette tour que nous allons continuer notre découverte, afin de vous présenter les deux bourdons du sanctuaire, dont leurs notes sont le Si bémol et Do, respectivement de la 2ème et la 3ème octave. Ils sont appelés "bourdons", mais en réalité seule la plus grande détient techniquement ce titre ; toutefois la seconde cloche porte localement cette appellation dans la paroisse.

Commençons par la plus massive des deux que nous définirons dans cet article comme le "grand bourdon". D'une masse d'environ trois tonnes et à l'histoire quelque peu mouvementée, il fut réalisé tout d'abord en 1669 par un saintier dont nous ne connaissons pas le nom et survécut aux rafles révolutionnaires de 1794, ayant pour but la fonte de nombreuses cloches afin d'en faire des canons. Malheureusement, suite à une rupture accidentelle en 1823, il sera refondu par Raynal, fondeur originaire de Lorient, dans le Morbihan. À peine quinze ans plus tard, le voilà à nouveau fêlé et de retour dans une fonderie basée à Morlaix et tenue par les frères Briens dans le Finistère nord. Bénie le 27 août 1837 sous l'épiscopat de Mgr Jean-Marie-Dominique de Poulpiquet de Brescanvel (évêque de Quimper et Léon de 1823 à 1840), il mesure 1665mm de diamètre il fut nommé "Cécile-Joséphine". Bien que ses parrains et marraines ne soient pas indiqués dans ses inscriptions en relief, ces lignes précisent en particulier, l'histoire de cette pièce maitresse de l'ensemble campanaire. En décembre 1950, suite à quelques travaux effectués à l'époque, une inscription gravée à l'emporte-pièce fut ajoutée ainsi : "Buet et Maidon 20 12 1950". Pour finir sur les décors, on y trouve tout d'abord trois frises: deux situées au-dessus, ainsi que sous les quatre lignes d'inscriptions, puis une troisième sous les derniers filets au niveau de la pince. Sont notamment observables des effigies de la Vierge à l'Enfant, ainsi qu'une belle Crucifixion sur piédestal, à quatre degrés (autrement dit, quatre marches sous sa base), encadrant la signature du fondeur.

La seconde cloche de la tour sud, dit le "petit bourdon" est aujourd'hui plus récent.

Fondu en 1880 dans les ateliers d'Amédée Bollée au Mans et Baptisé "Marie", celui-ci pèse 2200kg pour un diamètre de 1550mm. Son parrain et sa marraine furent Mr Joseph de la Lande de Calan et Mme Ernestine de la Pallière. Dans ses diverses décorations, sont représentées les armes de Mgr Anselme Nouvel de la Flèche, évêque de Quimper et Léon, ainsi qu'une crucifixion florale et d'autres ornementations, telles que des frises florales et des anses décorées. Cette cloche remplace par ailleurs une autre dame de bronze un peu plus légère (environ 1950kg), initialement fabriquée par Raynal à Lorient en 1823.

Après la découverte de ce premier beffroi, dirigeons nous côté nord afin de découvrir les cloches de chant dans leurs nouvelle charpente. Au nombre de quatre jusqu'à récemment, elle furent en effet rejointes en 2023 par une toute nouvelle voix, issue des ateliers Paccard, fonderie savoyarde installée à Sévrier, près d'Annecy en Haute-Savoie.

En premier lieu, faisons un petit historique de la sonnerie. Bien que l'existence de cloches dans les deux tours avant la révolution soit certaine, nous n'avons cependant pas eu connaissance d'archives permettant d'en savoir davantage au sujet de la sonnerie précédente, à part l'historique du grand bourdon de la cathédrale, détaillé plus haut dans cet article.

Grâce à un ouvrage par Yann Celton, bibliothécaire à l’évêché de Quimper et conservateur délégué des antiquités et objets d’art du Finistère (récemment fait chevalier des Arts et des Lettres), cette publication parue en 2011 dévoile ainsi les origines les plus anciennes de l'ensemble campanaire de la tour nord connues à ce jour, permettant ainsi de remonter jusqu'au début du XIXe siècle.

En 1823 tout d'abord, le fondeur lorientais Raynal, cité précédemment, fit réaliser deux autres cloches avec l'ancien bourdon "Marie". Ces dernières furent refondues à deux périodes différentes : en 1837 par les frères Briens de Morlaix et 1923 par Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles, en Normandie. Il fera également l'objet d'une rénovation en décembre 1950, comme en témoigne une inscription gravée à l'emport-pièce sur la panse du bourdon. Toujours en 1837, cette année là fut aussi l'occasion de remplacer trois autres cloches, dont une de 1837 et deux autres datées de 1843 et 1884 (refonte d'une cloche de 1841 faite par Viel-Tétrel à Villedieu). Léon Cornille, directeur de la fonderie à cette époque, proposera à cette occasion d'ajouter une quatrième cloche au beffroi nord.

Ces nouvelles dames de bronze sorties des ateliers furent ensuite baptisées par Mgr Adolphe-Yves-Marie Duparc, alors évêque de Quimper et Léhon. De la grande à la plus petite, elles portent les noms de "Marie-Joseph", "Eugénie", "Marguerite-Marie", "Marie-Corentin" et "Pia". En outre, les diamètres et poids respectifs des quatre cloches de chant sont les suivantes : 1250mm pour 1098kg pour le cloche 3, 1110mm pour 805kg, et 990mm pour 565kg, pour les n° 4 et 5, puis 810mm et 305kg pour la N°6

Cet ensemble campanaire réparti entre les deux tours rythmait ainsi la vie quotidienne, aussi bien civile que paroissiale, jusqu'à ces dernières années.

Toutefois le temps ayant fait son effet il fil ds décennies, il fut décidé d'entreprendre différents travaux dans les tours. Tout d'abord, le beffroi sud sera rénové en 2016 avec la dépose de la cloche d'horloge Marie, "doyenne campanaire" de Bretagne, jusque-là installée entre les tours.

Les bourdons bénéficiant ainsi d'une charpente neuve, l'état de l'installation campanaire restait cependant préoccupant pour les cloches de chant : d'après des études de "dendrochronologie", afin de dater le bois, associé à un diagnostic du beffroi réalisé, il fut ainsi constaté que la structure centenaire souffrait d'un mauvais état général et était mal conçu. Décision fut prise de le refaire en totalité.

Dans le même temps, c'est au cours de la planification du chantier, il s'avère que jusqu'au lancement des travaux deux notes étaient manquantes afin de constituer une gamme complète avec les cloches existantes : un Ré3 et un La3.

C'est finalement une cloche en La de la 3ème octave qui sera choisie, notamment pour plusieus raisons, notamment à de raisons d'espace dans le nouveau beffroi, dont la disposition devait être adaptée à cet effet.

Afin de réaliser cette nouvelle cloche, c'est donc a fonderie savoyarde Paccard, située à Sévrier près d'Annecy, qui fut choisie.

Dans le cadre de cette réalisation, deux artistes Quimpéroises Isabelle de Longvilliers et Anna Le Moine-Gray ont été choisies afin de réaliser les frises et décors. Ceux-ci se répartissent ainsi :

En premier lieu, nous pouvons observer une première frise sur le cerveau formée d'une succession de roses, séparées par des points en croix et précédée par une colombe du Saint-Esprit sur les anses. Sur les deux faces de la robe, y sont placées deux représentations, d'un côté une Vierge à l'Enfant entourée d'anges, s'inspirant du groupe sculpté dans le tympan du portail sud de la cathédrale ; l'Enfant retenant un oiseau contre lui ; deux anges thuriféraires encadrent la Sainte-Vierge, leurs ailes formant une mandorle au-dessus d'eux. De l'autre côté, est représenté Saint-Corentin, premier évêque de Quimper avec ses attributs épiscopaux. Un poisson à ses pieds permet de l'identifier.

Sous ces effigies, une autre frise sur la panse de la cloche précédée d'une inscription en français, puis en breton, symbolise les vagues de la mer, l'eau vive, source de vie et bien évidemment l'eau baptismale. Plus largement, elle rappelle aussi l'eau de la source qui alimentait la fontaine de l'ermitage de Saint-Corentin, situé à Plomodiern, où une chapelle fut édifiée en son honneur à la fin du XIXe siècle.


Tour sud


Nom: Cécile-Joséphine Note: Sib2 Date: 1837 Poids: 3000kg Diamètre: 1665mm Fondeur:Briens Frères à Morlaix


Inscriptions sur la cloche :


  • ☛ LAUDATE DOMINUM IN TYMPANO ET IN CYMBALIS BENESONANTIBUS. ACCEDITE CUM FIDUCIA AD THRONUM GRATIAE.

  • ☛ A LA GLOIRE DE DIEU ET DE MARIE ET DE SAINT CORENTIN CETTE CLOCHE FUT FAITE L'AN DE GRACE 1669 SECONDE ANNEE DE L'EPISCOPAT DE L'ILLUSTRIS. ET REVERENDIS. DE COETLOGON

  • ☛ AYANT ETE ROMPUE L'AN 1823 SOUS L'EPISCOPAT DE PV DOMBIDEAU DE CROUSEILHES. ROMPUE DE NOUVEAU ELLE A ÉTÉ REFONDUE

  • ☛ ET BENIE L'AN 1837 SOUS L'EPSCOPAT DE M. JEAN M. M. D. DE POULPIQUET DE BRESCANVEL.


FONDUE PAR BRIENS ; FRERES A MORLAIX


(en creux sur la panse du bourdon)

BUET ET MAIDON 1950


TRADUCTION DE L'INSCRIPTION EN LATIN :

LOUEZ LE SEIGNEUR AVEC LE TYMPAN ET LES CYMBALES ALLEZ AVEC FOI AU TRÔNE DE LA GRÂCE


Erreur dans le mot "SOUS" de la 4e ligne d'inscription l'inscription!

Il manue la lettre "U" qui fut ajoutée en creux


Nom: Marie Note: Do3 Date: 1880 Poids: 2200kg Diamètre: 1550mm Fondeur: Bollée et ses fils fondeurs accordeurs au Mans


Inscriptions sur la cloche :


CETTE CLOCHE A ETE BENITE PAR Mgr ANSELME NOUVEL OSB EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEON

☛ PARRAIN Mr Jh DE LA LANDE DE CALAN MARRAINE Mme ERNESTINE DE LA PALLIERE 1880


A. M. D. G.

MARIE


BOLLEE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS


TRADUCTION DE L'INSCRIPTION "A. M. D. G."

AVE MARIA DEO GRATIA

JE VOUS SALUE MARIE, GRÂCE À DIEU


Tour nord


Nom: Marie-Joseph Note: Mib3 Date: 1922 Poids: 1098kg Diamètre: 1250mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


L AN 1922

S. S. PIE XI ETANT PAPE

J AI ETE BENITE

PAR

S. G. Mgr ADOLPHE YVES MARIE DUPARC

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEHON

EN PRESENCE DE

M. M. GADON COGNEAU ET MESSAGER

VICAIRES GENERAUX

M. M. ABGRALL DOYEN DU CHAPITRE QUEINNEC ORVOEN CURE ARCHIP

LE ROY ROSPARS GUEGUEN PERON GORET

CHANOINES TITULAIRES

M. M. LE GOASGUEN PIRIOU SUIGNARD CADIOU

VICAIRES DE LA CATHEDRALE


M. SAMUEL DU FEGNA DE KERANFOREST ET

Mme LA VICOMTESSE DE JACQUELOT DU BOISROUVRAY NEE

DENISE DE KERNAFFLEN DE KERGOS

M ONT NOMMEE MARIE JOSEPH


CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU


Nom: Eugénie Note: Fa3 Date: 1922 Poids: 805kg Diamètre: 1110mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


L AN 1922

S. S. PIE XI ETANT PAPE

S. G. Mgr ADOLPHE YVES MARIE DUPARC

EVEQUE DE QUIMPER ET DE LEHON

EN PRESENCE DE

M. M. GADON COGNEAU ET MESSAGER VICAIRES GENERAUX

M. M. ABGRALL DOYEN DU CHAPITRE

ORVOEN CHANOINE CURE ARCHIPRETRE

M. M. LE GOASGUEN PIRIOU SUIGNARD CADIOU

VICAIRES DE LA CATHEDRALE


MONSIEUR CORENTIN MARZIN

MADEMOISELLE LOUISE GUILLER DUMARNAY

M ONT NOMMEE

EUGENIE


CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU


Nom: Marguerite-Marie Note: Sol3 Date: 1922 Poids: 564kg Diamètre: 990mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


L AN 1922

S. S. PIE XI ETANT PAPE

J AI ETE BENITE

PAR

S. G. Mgr ADOLPHE YVES MARIE DUPARC

EN PRESENCE DE

MONSIEUR ORVOEN CHANOINE CURE ARCHIPRETRE

M. M. LE GOASGUEN PIRIOU SUIGNARD CADIOU

VICAIRES DE LA CATHEDRALE


MONSIEUR GUSTAVE MAUDUIT

Mlle MARIE DU VERGER DE KERHORLAY

M ONT NOMMEE

MARGUERITE MARIE


CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU


Nom: Marie-Corentin Note: La3 Date: 2023 Poids: 402kg Diamètre: 800mm Fondeur: Paccard à Sévrier

Inscriptions sur la cloche :


Marie-Corentin Parrain

Baptisée et

en 2023 Marraine :

par l'Evêque : Les paroissiens

Laurent Dognin de la

Recteur : Cathédrale

Claude Caill


  • 'Acclamez le Seigneur terre entière, sonnez, chantez, jouez' PS 97 :4 ⚜ 'Youhit euid an Aotrou; douar a-bez, youhit Icamt ha sonit' PS97 :4


Le caractère "⚜" symbolise l'hermine du drapeau breton que l'on peut observer sur la pansede la cloche. Il s'agit de la même inscription en français et en breton ; La signature du fondeur se trouve à la fin de celle-ci, dans un cartouche typique de la fonderie savoyarde et se lit comme suit :


LA SAVOYARDE ; LA JEANNE D'ARC

LES FILS DE G. PACCARD A ANNNECY-LE-VIEUX


Nom: Pia Note: Sib3 Date: 1922 Poids: 305kg Diamètre: 810mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


L AN 1922

S. S. PIE XI ETANT PAPE

J AI ETE BENITE

PAR

S. G. Mgr ADOLPHE YVES MARIE DUPARC

EN PRESENCE DE

MONSIEUR ORVOEN CHANOINE CURE ARCHIPRETRE

M. M. LE GOASGUEN PIRIOU SUIGNARD CADIOU

VICAIRES DE LA CATHEDRALE


MONSIEUR ARSENE DE KERANGAL

MADAME MANIERE NEE PIA MARIE LE PONTOIS

M ONT NOMMEE

PIA


CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU


Dans la cathédrale, déposée au fond de l'édifice, près du baptistère


Nom: Marie Note: Lab3 Date: 1312 Poids: 550kg Diamètre: 970mm Fondeur: Anonyme


Inscriptions sur la cloche :


  • ☩ III: C : QUATER : TERNUS : ANNUS : CONSTAT : MODO : VERNUS : CAMPANA : DICTA : PIA : COMPLETUR : QUANDO : MARIA :

  • ☩ JAM : LABOR : EST : PLANUS : ET : IN : HOC: PRECULSIT [SIC] : ALANUS : LAUDES : UNDE : DEO : REDDERE : SIC : MANEO :


TRADUCTION DES INSCRIPTIONS EN LATIN :


☩ AU PRINTEMPS DE L'ANNÉE 1312 LA PIEUSE CLOCHE APPELÉE MARIE

☩ S'ACHÈVE VOICI QUE LE TRAVAIL EST TERMINÉ; [L'ÉVÊQUE] ALAIN Y A FRAPPÉ ET JE DEMEURE ICI POUR RENDRE LOUANGES À DIEU


Derrière la stature du roi Gradlon, entre les deux tours


Nom: PAS DE NOM Note: Mib4 Date: 1830 Poids: 80kg Diamètre: 567mm Fondeur: Viel Aîné à Quimper


Inscriptions sur la cloche :


  • FAITE PAR VIEL AINE FONDEUR A QUIMPER LE 20 ; DECEMBRE 1830


Nom: PAS DE NOM Note: Sol4 Date: NON INDIQUÉE Poids: 58kg Diamètre: 484mm Fondeur: Anonyme


CETTE CLOCHE NE POSSÈDE AUCUNE INSCRIPTION


Le reportage



Vidéos bonus


Le plénum Nord

et seconde vidéo du plénum des deux-tours

(par "Cloches Hauts-Saônoises" et "Cloches d'Alsace 67")




Le plénum de Sud : Volée des deux bourdons de la cathédrale

(par "Le Sonneur des Carillons")



La volée des cloches 6 et 4 de la tour nord

(par "Mathieu14280")


Sources des textes utilisés pour l'article :

Documentation sur l'histoire campanaire de la cathédrale

Yann CELTON : Les cloches, in Quimper, coll. La grâce d'une cathédrale, ed. La Nuée bleue (2013)

Textes personnels

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