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Pleyben - Église Saint-Germain-l'Auxerrois

Dernière mise à jour : 3 juin 2023

Pour cette nouvelle virée en Finistère sud, je pars à la découverte du clocher de l'église de Pleyben et son enclos paroissial, qui possède une richesse historique remarquable ! Ne pouvant faire une description détaillée de toutes les facettes de l'édifice, classé aux Monuments Historiques depuis 1846, son calvaire, classé MH depuis 1875, ainsi que l'ossuaire qui l'est également depuis 1914, car tant de choses seraient à dire. Je vous renvoie donc aux sources utilisées pour la rédaction de cet article, à la fin de cette publication.

Construite l'emplacement d'un ancien sanctuaire entre 1530 et 1690 et consacrée en 1583 (comme en témoignent les différentes dates inscrites sur l'édifice), son architecture se caractérise tout d'abord par l'association du style gothique cornouaillais et renaissance. Grâce à une date inscrite en caractères gothiques près de la sacristie, côté sud, nous savons que les transepts furent réalisés en 1564 à la demande de Monsieur Alain Kergadalen, alors recteur de Pleyben. Les fenêtres, ainsi que la porte sud dateraient de 1583 comme semble le prouver une inscription et une date sur le mur du bas-côté sud. L'enclos paroissial de Saint-Germain-l'Auxerrois est notamment connue pour ses deux tours, surmontant les façades sud et ouest. La plus grande des deux, située côté sud, mesure 47m50 de hauteur, (de part sa flèche avec dôme à lanternons), et fut construite à partir de 1588 et 1591, selon le style renaissance et les plans de l'architecte Guillaume Kerlezroux, alors assisté par l'entrepreneur Yvon Olina. Cependant, son édification sera interrompue pendant les guerres de La Ligue (période des guerres de Religion), mais reprendra en 1633 pour être achevée en 1642.

Ainsi, l'église connut par la suite plusieurs périodes de reconstruction ou de restaurations. Son bras sud fut par exemple reconstruit en 1714 par François et Germain Flavennec, qui assisteront par la suite l'architecte Jules Bisée lors de la réfection de la sacristie en 1719, après leurs destructions respectives qui fut causée par la chute de la partie haute de la tour-porche, foudroyée à la fin du XVIIe siècle. Deux siècles plus tard le bas-côté nord est remonté en 1811. Quand à la tour ouest (le petit clocher), cette dernière fait l'objet d'une consolidation en 1848 par un autre architecte,Joseph Bigot, alors connu pour ses nombreuses réalisations dans le Finistère. Cette rénovation sera suivie d'une restauration générale de l'église entre 1858 et 1860.

Comme je l'ai déjà dit plus haut, deux tours se dressent sur les deux façades sud et ouest du sanctuaire. La seconde tour dite "Sainte-Catherine", se dresse sur cette seconde façade et fut quand à elle construite au cours du XVIe siècle, selon le style cornouaillais, alors très courant dans la région. Sa flèche, bien que moins haute que la tour carrée "Saint-Germain" culmine tout de même à 32 mètres de haut. Une tourelle d'escalier raccordée au clocher par une passerelle en pierre permet d'y accéder.

L'architecture intérieure de l'église recèle de nombreuses particularités. Pour commencer, celle-ci présente une nef de cinq travées, plus large et plus haute que d'autres églises rurales, entre deux bas-côtés fermés à l'orient par un arc-diaphragme, un transept très saillant, ainsi qu'un chœur à cinq pans. Elle n'est pas voûtée, et la nef ne reçoit pas d'éclairage direct. La nef est surmontée d’une voûte lambrissée prenant appui sur des sablières polychromes. Ces dernières présentent des scènes très vivantes issues de la vie quotidienne, de la Bible ou même de la mythologie païenne. 116 clés de voûte, des sculptures décorées en bois agrémentent la poutre de faîtage. Parmi les vitraux de l'édifice, on peut notamment découvrir la verrière centrale de l'abside, datée de la fin du XVIe siècle. Elle représente les étapes de la Passion du Christ rapportée par l'Évangile : la Cène, le baiser de Judas trahissant Jésus, le jardin des Oliviers, le Christ devant Pilate, le portement de croix, ainsi que la crucifixion.

Divers éléments du mobilier méritent également d'être présentés : Tout d'abord le retable du maître-autel. Commandé en 1666, il fut réalisé par les maîtres-sculpteurs Yvon, Jean et Pierre Le Déan. Le premier de ces artisans étant établi à Brest, les deux autres venant quand à eux de Quimper. On dit qu'il s'agirait ici d'une des meilleures œuvres de ce secteur en Bretagne.

D'autres magnifiques retables du XVIIe siècle se trouvent de part au d'autre des chapelles latérales de l'édifice. D'un côté, sur le bras nord du transept, le retable du Rosaire fut réalisé en 1698 par deux artisans locaux : les sculpteurs Jean Le Seven, originaire du Cloître-Pleyben et Jean Cevaer de Pleyben. Le retable de la chapelle sud, dit des Trépassés et dédié au Sacré-Coeur représente une descente de Croix.

Ensuite, l'église possède une statuaire polychrome très intéressante, dont une statue de Saint-Germain réalisée en 1555 et provenant d'un calvaire. D'autres sont dédiées à Saint-Herbot, Saint-Yves, Saint-Corentin, Saint-Antoine, Saint-Renan et Saint-Étienne. S'y trouve également une grande statue en bois du XVIIIe siècle, dédiée à Saint-Guénolé.

Pour terminer cet partie sur l'histoire de l'église et la présentation de son mobilier, je tiens à vous faire découvrir les orgues, élément incontournable de l'édifice. L'instrument, réalisé par Thomas Dallam entre 1688 et 1692 sur le modèle de l’abbaye de Daoulas, datant de 1670 (aujourd'hui disparu), Elles comprenaient un buffet à deux corps polychrome, dont le grand orgue, un positif de do(s), une console à deux claviers manuels ainsi qu'une pédale. De l'orgue d'origine, il ne reste que le buffet réalisé en 1693 par Michel Madé, originaire de Morlaix. En effet, lle facteur d'orgues Heyer simplifie l'ensemble du jeu en 1877 et retire la partie instrumentale qui avait été réalisée et mise en place par Thomas Dallam. Heyer plaça une console à fenêtre à deux claviers de 54 notes, un grand orgue dans le buffet, ainsi qu'une nouvelle soufflerie. Cependant, le deuxième plan sonore ne fut pas installé. En 1994 des travaux de restauration furent engagés et confiés à Monsieurs Denis Londe et Mme Réveillac, facteurs d'orgues à Frasnes-les-Meulières dans le Jura. Le chantier fut effectué sur deux ans, entre janvier 1994 et avril 1996. Celui-ci a consisté à restaurer le buffet, compléter le grand orgue de Heyer, ainsi qu'à reconstruire un positif des do(s) et une pédale indépendante. Ainsi, l'orgue que nous connaissons aujourd'hui possède 22 jeux, comprend le clavier grand orgue installé par Heyer, un positif de do(s) et une pédale mis en place par Denis Londe construits selon le savoir-faire du XIXe siècle.


Ayant à présent terminé la première partie de l'article consacrée à l'histoire de l'église de Pleyben, je tiens à vous présenter diverses photos de l'intérieur de l'édifice avant de parler de la riche histoire de son ensemble campanaire, réparti entre deux tours !



Les cloches

L'ensemble campanaire que nous connaissons aujourd'hui possède un historique bien particulier. En effet, dès le mois de mars 1599, les archives mentionnent à travers des querelles de clochers où une cloche fut volée dans le cimetière de Pleyben. Celle-ci était nommées "la Katherine". Les voleurs furent cependant attrapés et intimés à se rendre au tribunal de Quimper le 4 septembre 1602. Toutefois, cette cloche a aujourd'hui disparue.

En 1639, plusieurs cloches furent fondues par François Le Pelletier, originaire de Morlaix, mais nous n'en connaissons pas le nombre exact. Cet ensemble fut refondu et remplacé en 1667 par Léonard Hervé, fondeur originaire de Nantes, capitale ducale de la Bretagne et alors en déplacement dans le sud-Finistère, qui réalisa une nouvelle sonnerie de quatre cloches, dont leur commande seront reçue et validée deux ans plus tard par la paroisse, en 1669.

De ces quatre cloches nantaises, l'une d'entre-elles fut déposée dans le cimetière en attendant son installation mais sera ensuite volée par des habitants de Lampaul-Guimiliau. Aujourd'hui, il ne reste que la plus grande qui se trouve toujours dans la tour Saint-Germain. Celle-ci ne possède pas de nom de baptême. Des trois autres de la tour Sainte-Catherine, les deux plus grandes furent remplacées en 1870, par le fondeur Briens, originaire de Brest et sont encore en place de nos jours. Elle se nomment Germaine-Mélanie et Marthe-Catherine. La petite fut quand a elle réalisée en 1839, mais ne connaissons pas son fondeur. Refondue et remplacée en 1946 par Louis Bollée et ses fils, fondeurs de cloches à Orléans, elle se nomme Catherine.

Pour terminer les poids et diamètres respectifs de l'ensemble campanaire, de la plus petite à la plus grande, sont de 633mm, 750mm, 964mm et 1293mm, pour 146kg, 238kg, 524kg et 1313kg. Les cloches sonnent donc le Mi4, Do#4, La3 et Ré#3.


TOUR SAINT GERMAIN


Nom: PAS DE NOM Note: Ré#3 Date: 1667 Poids: 1313kg Diamètre: 1293mm Fondeur: Léonard HERVÉ à Nantes


Inscriptions sur la cloche :


  • ✙ SANCTA MARIA VIRGO MATER FILI DEI MONSTRA TE MATREM PAROCHIAE DE PLEIBEN ❃

  • ✙ LIGNE SANS INSCRIPTIONS

  • ✙ LIGNE SANS INSCRIPTIONS

  • ✙ HERVE MA FAICTE EN LAN 1667 ❃


TRADUCTION DE L'INSCRIPTION EN LATIN :

Ô SAINTE VIERGE MARIE MÈRE DU FILS DE DIEU, MONTRE TOI COMME LA MÈRE DE LA PAROISSE DE PLEYBEN


TOUR SAINTE-CATHERINE


Nom: Germaine-Mélanie Note: La3 Date: 1870 Poids: 524kg Diamètre: 964mm Fondeur: Briens à Brest


Inscriptions sur la cloche :


  • BENITE EN AOUT 1870, NACAUGANT CURE CURE DOYEN

  • MON PARRAIN J. M. LE BORGNE, ET MA MARRAINE DAME MELANIE BOIS EPOUSE DE Mr MAX.

  • ☛ LE BRETON MAIRE, MONT NOMMEE ; GERMAINE MELANIE. LES MARGUILLIERS ETAIENT : G. AUF

  • FRET, P. COZIEN SECRETAIRE, J.M. LE BORGNE TRESORIER, N. FICHANT PRESIDENT.


PLEYBEN


BRIENS ; FONDEUR A BREST


Nom: Marthe-Catherine Note: Do#4 Date: 1870 Poids: 238kg Diamètre: 750mm Fondeur: Briens à Brest


Inscriptions sur la cloche :


  • ☛ PLEYBEN BENITE EN AOUT 1870

  • ☛ MON PARRAIN P GOZIEN ET MA MARRAINE Mme TRANVOEZ MONT NOMMEE

  • ☛MARTHE CATHERINE MES MARGUILLIERS ETAIENT G AUFFERT P COZIEN SECRETAIRE J M LE

  • BORGNE TRESORIER M FICHANT PRESIDENT A GAUCANT CURE DOYEN


BRIENS ; A BREST


Nom: Catherine Note: Mi4 Date: 1946 Poids: 146kg Diamètre: 633mm Fondeur: Bollée & ses fils à Orléans


Inscriptions sur la cloche :


CATHERINE DE PLEYBEN

BENITE EN 1946

PARRAIN : Mr. JEAN LOUIS DIBIT

MARRAINE : Mme. FERDINAND LE GAC

CURE-DOYEN DE PLEYBEN

CHANOINE P. SPARFEL


LOUIS BOLLEE & SES FILS FONDEURS DE CLOCHES A ORLEANS


Afin de terminer l'article avant de lire la vidéo, je vous invite encore à découvrir d'autres photos complémentaires que nous avons réalisées au cours de notre visite !



La vidéo


Nous tenons à remercier sincèrement la Municipalité de Pleyben, pour leur autorisation afin d'accéder, inventorier et enregistrer les cloches de l'église. Nous remercions en particulier Monsieur G. URIEN, Conseiller Municipal. Je remercie par ailleurs chaleureusement mes amis et collaborateurs, dont tout d'abord Matthieu JULES, pour les démarches et la mise en œuvre de ce magnifique weekend de visites en Finistère. Je le remercie également, ainsi que Lucas JORET, alias "Le Sonneur de Carillons", Loïc, "Cloches du Finistère (29)", et Claude PENNANEACH, Président des amis de l'orgue de Pleyben pour leurs présences et leurs aides respectives dans l'étude et les enregistrements de cette ensemble campanaire remarquable !


Sources des textes utilisés pour l'article :

Textes personnels

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