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Paray-le-Monial - Basilique du Sacré-Cœur

Dernière mise à jour : 21 avr. 2023

La basilique romane de Paray-le-Monial est placée sous le vocable du Sacré-Cœur depuis 1875. Elle donne une image complète de ce que fut Cluny , bien que de dimensions réduites : l'édifice possède trois nefs contre cinq à Cluny, mais également un transept simple et non pas double. De l'avant-nef à la cascade, On observe des toitures du chevet, étagées dans une subtile harmonie et des voûtes ordonnées de la même manière qu'à la grande abbatiale de Cluny. Cette église du prieuré Notre-Dame de Paray-le-Monial fut lors de sa consécration en 977, placée sous le vocable du Saint-Sauveur, de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste.

La Basilique est aujourd'hui classée au titre des monuments historiques depuis 1846.

Il s'agit du lieu le plus touristique du département de Saône-et-Loire, avec un nombre de visiteurs annuels estimé à 450 000 fidèles et touristes. Elle fait partie du sanctuaire du Sacré-Cœur géré par la Communauté de l'Emmanuel depuis 1985.

Avant de devenir prieuré clunisien, le monastère de Paray-le-Monial est créé sur décision de Lambert (mort en 988), comte de Chalon : en 973 l'emplacement est choisi en accord avec Mayeul, abbé de Cluny. Sur le terrain retenu, les moines construisent en trois ans les bâtiments nécessaires à l'établissement monastique et son église. Celle-ci est consacrée en 977, en présence de Lambert, de sa famille et des évêques de Chalon, de Mâcon et d'Autun.

Lambert eut comme successeur son fils Hugues Ier, déjà chanoine d'Autun qui devient évêque d'Auxerre le 5 mars 1090 et qui décide d'unir le monastère de Paray-le-Monial à l'abbaye de Cluny, lequel a, à sa tête, Saint-Odillon. Paray devient un prieuré de Cluny et le restera jusqu'à la Révolution.

La première église a complètement disparu. Elle a été rapidement détruite et a été remplacée par une nouvelle église consacrée le 9 décembre 1004. Moins d'un siècle plus tard cette seconde église est également détruite et remplacée par celle qui est aujourd'hui la basilique5.

Le comte-évêque Hugues Ier donna à l'église des reliques de Saint-Grat, qui fut évêque de Chalon, précédemment à l'église Saint-Laurent de Chalon. Du vivant de Hugues Ier les prieurs furent Andrald et Gontier.

Les dates exactes de la construction de l'église actuelle sont incertaines. Les travaux de Christian Sapin, de Nicolas Reveyron, de Minott Ker conduisent à placer la date des constructions dans le dernier quart du XIe siècle et non dans le premier. La dernière construction aurait été réalisée sur la précédente, "sur de nombreux points les plans des deux constructions se superposent". Le véritable architecte de Paray est sans doute Saint Hugues de Cluny. Cependant Paray ne peut être considéré comme une simple "réduction" de la célèbre basilique de Cluny. En effet, elle n'offre ni doubles collatéraux, ni double transepts, ni cinq chapelles rayonnantes...

Tout au long du XIIe siècle, d'importants remaniements sont apportés à l'église. C'est probablement au second quart du douzième siècle que la nef, le transept et le chœur de l'église de Paray sont bâtis (vers 1140). L'église ne subit aucune modification pendant le treizième siècle. L'étage supérieur du clocher est terminé au quatorzième siècle. Vers 1470, l'abbé Jean de Bourbon permet à Robert de Damas-Digoine, seigneur de Clessy et de Beaudéduit, d'abattre la chapelle qui s'ouvrait dans le croisillon méridional de l'église pour la remplacer par une nouvelle chapelle destinée à devenir le tombeau de sa famille. Paray-le-Monial est éprouvé par les guerres qui ont lieu durant trois siècles : guerre de cent ans, guerres entre la Bourgogne et la France, guerres de religions. Pour éviter l'écroulement du porche, les moines choisirent de le condamner par d'épaisses murailles de renfort.

Par la suite, les religieux du prieuré s'efforceront d'effacer la trace des dévastations que l'église subit, mais ils ne modifient aucune partie essentielle du monument. Le clocher initial fut détruit suite à un grave incendie et sera reconstruit par la suite. Certaines pierres de l'ancien clocher actuel ont résisté et sont encore présentes, témoignant de la violence de ce drame !

La démolition de l'ancien prieuré et la construction du nouveau entre 1702 et 1750, sont sans doute concomitants avec des travaux dans la basilique, avec la construction d'un grenier entre le côté sud de l'église et la côté nord du cloître.

La période révolutionnaire eut des conséquences très négatives sur l'édifice : le 16 mars 1791 les bénédictions quittent le prieuré, la basilique est presque abandonnée durant un an, le culte est supprimé en 1793 ; puis le 13 avril 1794 la commune adjuge la démolition du clocher à Pierre Colin. La démolition est partielle mais la basilique restera partiellement à ciel ouvert durant 16 ans. L’église fut louée comme entrepôt. Le culte ne fut rétabli qu'en 1802. Une toiture en forme de bulbe fut posée en 1810 mais les autres travaux nécessaires de réhabilitation ne sont pas effectués. C'est à partir de 1840 que le curé alerte les autorités sur l'état de la basilique. La municipalité n'y donne pas suite. Il faut attendre 1841, l'élection comme maire d'Hyacinthe de Chizeuil, pour qu'un dossier soit établi et les démarches entreprises. Mais ce n'est que le 11 janvier 1850 que l'architecte Eugène Millet est désigné par la Commission des monuments historiques.

Millet, né en 1819, est un spécialiste du Moyen Âge, il fut l'élève et le collaborateur de Viollet-le-Duc. Bien que non prévu au départ il dut reconstruire le clocher compte tenu de son très mauvais état : c'est ce clocher que l'on voit aujourd'hui. Il rend ensuite à l'église son porche d'origine en enlevant les murs de renfort et en remplaçant les piliers d'origine. Les deux tours de l'entrée sont couronnées par des flèches en charpente (antérieurement elles étaient beaucoup moins élancées et la pente de leurs côtés était à peine sensible). Il démolit le grenier des moines évoqué ci-dessus. En résumé, il est intervenu sur la plupart des parties de l'église.

Au cours des décennies qui ont suivi, peu de travaux ont été réalisés. C'est Mgr Dargaud, curé de la paroisse de 1908 à 1938, qui permit une nouvelle étape de travaux, les plus notables sont ceux qui ont consisté à enlever les couches successives d'enduits à l'intérieur de l'église, ce qui permit de découvrir la peinture de la voûte du chœur.

Depuis la fin du XIXe siècle, Paray-le-Monial et son église sont un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de France. L'objet de ces pèlerinages est l'adoration du Sacré-Cœur, due aux visions de Marguerite-Marie Alacoque dans la seconde moitié du XVIIe siècle et plus encore à l'action du jésuite Claude La Colombière.

En 1875, le pape Pie IX élève l'église au rang de basilique mineure, titre papal donné ici pour honorer la ville où Jésus a demandé à Marguerite-Marie Alacoque de faire connaître son message d'amour.

La basilique de Paray-le-Monial offre ainsi une belle chronologie architecturale.

La chapelle haute datant de la fin du tout début du 11e siècle évoque toutes les caractéristiques du premier âge roman : arc plein, appareil irrégulier, imposte orné de motif simple ; moulure, torsade, damier...

Le corps de l'église construit au 12e siècle utilise les expérimentations de la fin de l'époque romane, arc brisé pour la voussure, éléments décoratifs issus du répertoire antique : pilastre cannelé, oves etc...

Ce chef d'œuvre architectural roman est empreint du vocabulaire antique, à l'image de la troisième abbatiale de Cluny. Le déambulatoire possède de minces colonnes portant le poids de l'abside et du chœur. À l'extérieur, on peut découvrir le chevet échelonné qui dévoile tous les volumes intérieurs de la basilique.

Enfin, la chapelle gothique renvoie à tout l'univers végétal comme des fleuron, des trilobes, quadrilobes...

En 1875, l'église paroissiale est érigée en Basilique par le Pape Pie IX, à la suite des grands pèlerinages du bicentenaire des apparitions.

De 1997 à 2002, la basilique a connu une grande campagne de fouille archéologique. Le résultat de cette campagne a permis de connaître les différentes étapes de construction et une meilleure datation du chantier.

De 2002 à 2005, la basilique a été restaurée. À l'issue de cette restauration plusieurs aménagements contemporains ont été installés.

On peut noter la présence des lustres de Jean-Charles Detallante. Le décor de ces lustres est un écho au bestiaire roman.

En juillet 2011, un nouveau chemin de croix a été installé. Une œuvre de l'artiste Pierre Lafoucrière mis en émaux par les moines de l'abbaye de Ligugé.

En décembre de cette même année, un nouveau mobilier liturgique réalisé d'après les dessins de François Prioleau a été consacré : ambon, présidence et autel.


Avant de continuer, voici de nombreuses photos de l'intérieur de la basilique de Paray-le-Monial



Les cloches

L'ensemble campanaire se situe dans la grande tour de la Basilique. Elles sont au nombre de trois et sont disposées dans un beffroi carrément disproportionné par rapport à la taille des cloches. Ces dernières viennent de deux fondeurs différents : la cloche 1 a été fondue par Alexis Baudouin à Mâcon en 1858, tandis que cloches 2 et 3 ont été fondues par Gédéon Morel à Lyon en 1868. Ces cloches forment une belle sonnerie sur un accord Pater Noster en Sol3 Fa3 et Ré#3. Bien que la grosse cloche soit légèrement dissonante, la sonnerie reste très agréable à écouter !


Nom: Marie-Amélie Note: Ré#3 Date: 1858 Poids: 900kg Diamètre: NC Fondeur: Alexis Baudouin à Mâcon


Les inscriptions sur les cloches seront indiquées prochainement dans cet article


Nom: Marguerite-Maire Note: Fa3 Date: 1868 Poids: 770kg Diamètre: NC Fondeur: Gédéon Morel à Lyon


Les inscriptions sur les cloches seront indiquées prochainement dans cet article


Nom: Marie-Antoinette Note: Sol3 Date: 1868 Poids: 550kg Diamètre: NC Fondeur: Gédéon Morel à Lyon


Les inscriptions sur les cloches seront indiquées prochainement dans cet article


La vidéo


Nous tenons à adresser un grand remerciement à Monsieur l'Abbé Christophe LAGRANGE, Prêtre et Curé de la Basilique du Sacré-Cœur pour son autorisation afin de visiter le clocher et enregistrer les cloches à l'occasion d'un baptême. Nous le remercions également pour avoir pris de son temps libre et pour les sympathiques échanges que nous avons eu au cours de cette visite!


Sources des textes utilisés pour l'article :

Textes personnels

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