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Les Iffs - Église Saint-Ouen

Dernière mise à jour : 10 janv.

Les fondations les plus anciennes de l'église actuelle remontent au XVe siècle. Nous ne possédons aucune documentation ou archives attestant d'un édifice plus ancien. Sous l'impulsion des propriétaires du château de Montmuran, les Seigneurs de Laval, c'est à cette époque que sont entamés les travaux de construction, puis poursuivis au XVIe siècle avec l'aide la famille des Coligny et grâce à la générosité des habitants qui jouissent d’une relative prospérité due à la culture de lin et du chanvre, ainsi qu'à la production de toiles réputées et commercialisées jusqu’en Russie.

L'église possède une nef en croix de Lorraine, c'est à dire avec quatre chapelles latérales, dont deux de chaque côté.

L'architecture extérieure de l'édifice est représentative du style gothique flamboyant breton. On y retrouve notamment des arcades et fenêtres en arc brisé, des contreforts à ressauts surmontés de pinacles sculptés, des choux frisés et d'autres motifs décoratifs taillés dans le granit. La façade sud est quand à elle percée de deux fenêtres à trois meneaux, dont l’une s’ouvre sur la chapelle du croisillon et la chapelle hexagonale proche du chevet.

Afin de compléter la description extérieure de l'église, le clocher, comme ceux des environs était à l’origine constitué d’une charpente en bois couverte d’ardoises. En 1867, puis, entre 1875 et 1881, l’architecte Arthur Regnault fit reconstruire toute la partie supérieure du clocher pour une meilleure harmonie avec l’ensemble de l’église, par l’adoption du style "cornouaillais". Il en résulte un clocher néo-gothique, tout en pierre, ajouré et décoré d’ornements sculptés.

De l'intérieur, l'édifice est tout d'abord remarquable de part ses vitraux, datant du XVIe siècle.

On remarquera tout d'abord la grande verrière au chevet, illustrant la Passion du Christ. Dans les chapelles latérales, on y découvre d'autres vitraux, représentant le jugement de Saint-Yves, la chaste Suzanne, l'Adoration des Rois-Mages, l'Annonciation, la Nativité, la Transfiguration du Christ, ainsi que la décollation de Saint-Jean-Baptiste. Ces œuvres furent réalisées en 1550 dans l’atelier de Michel Bayonne originaire de Rennes, sur des cartons d’inspiration flamande et restent ainsi l'un des rares témoins de l’aboutissement de l’art des verriers de la capitale parlementaire. En 1843, l'état des vitraux mèneront à une série de restaurations au cours du XIXe siècle, mais également au XXe siècle : le maître-verrier nantais René Échappé restaure ainsi la maîtresse-vitre entre 1852 et 1861. Les maîtres verriers Lecomte et Colin interviennent en 1889 sur une des baies de l'édifice, puis une restauration d'ensemble est confiée à l'atelier Tournel entre 1910 et 1913.

La verrière la plus récente de l'église fut quand à elle réalisée à la fin du siècle dernier : en effet, l'architecte du Monuments Historiques Raymond Cornon offrit un vitrail à l'occasion du mariage de sa fille en 1970. Nous aurons l'occasion de reparler de lui plus bas, dans cet article.

Le mobilier de l'église n'est pas non plus en reste côté patrimoine. Un remarquable bénitier octogonal situé à l'entrée, porte la date de 1458 et est orné de plusieurs sculptures, dont une hermine et une fleur de lis qui rappellent que l’église des Iffs appartenait à un fief placé sous la suzeraineté du Duché de Bretagne et de la Couronne de France.

L'église fut classée aux Monuments Historiques en 1906. Un dispositif d'illumination extérieur et intérieur fut installé en 2011, dans le clocher, mais également dans le but d'éclairer. les baies et vitraux. La dernière restauration en date fut par ailleurs effectuée en 2016 avec le démontage (puis remontage), de la flèche, suivi d'une rénovation intérieure en 2017.


Avant de vous faire monter dans le clocher afin d'y découvrir l'ensemble campanaire à l'histoire très particulière, je vous invite à jeter à aller faire un tour dans l'album photos présentant l'intérieur de l'église, dont voici le lien ci-dessous



Les cloches

L'ensemble campanaire de l'église des Iffs cache bien des surprises au sein d'un clocher très particulier. Comme dit précédemment, l'ancien clocher était fait d'une charpente en bois avec ardoises, où l'on peut encore voir la date de 1586. Bien que ses fondations furent conservées, le clocher à ouvertures que l'on peut voir aujourd'hui remplace l'ancien clocher et héberge en tout quatre cloches.

Mais ces dernières ne sont pas les plus anciennes. Sous le clocher actuel se cache en effet une autre cloche dans les fondations de la tour et les combles de l'église. À l'origine au nombre de deux elles furent coulées en 1596 et bénies le 31 janvier de la même année par un fondeur anonyme et se nommaient "Jeanne" et "Nicollas-Marquerite". De ces deux cloches offertes par Marguerite d'Ailly, veuve de l'Amiral de Coligny, seule cette dernière sera conservée. L'autre fut refondue en canons en 1793, suite aux ravages de la Révolution française. Il est par ailleurs important de le préciser mais la date de coulée, bien qu'absente dans les inscriptions, nous est connue grâce aux archives et une fiche d'inventaire du Ministre de la Culture et est classée au Monuments Historiques le 26 décembre 1916.

Bien qu'une nouvelle tour ait été réalisée par Arthur Regnault au milieu du XIXe siècle, peu d'éléments nous permettent d'attester la présence de cloches faites à cette occasion. De plus, dans les années 1950, un article Ouest-France de l'époque indique la présence de cette cloche unique, bien seule dans la partie XVIe de la tour.

C'est en 1939 qu'un nouveau recteur nommé aux Iffs, l'Abbé Julien Gallier, rêve de réaliser une toute nouvelle sonnerie afin d'accompagner la cloche historique. Malheureusement avec l'avènement de la Seconde Guerre Mondiale et d'autres circonstances, celui-ci ne sera pas exaucé de son vivant. En effet, l'Abbé Gallier devenu âgé, décèdera brutalement au pied de l'autel de son église, lors de la célébration de la Messe, le premier dimanche de l'année 1956, pourtant peu de temps avant de quitter sa paroisse pour la retraite. C'est à l'occasion de nouveaux travaux de restauration, menés par les architectes des Monuments Historiques Raymond Cornon (dont j'avais parlé plus haut) et son confrère Henri Couasnon, que son successeur, l'Abbé Louis Legros, relance le projet afin de réaliser le souhait de son prédécesseur.

Une campagne de dons est ainsi lancée et de généreux donateurs, aussi bien paroissiens, visiteurs de l'église, des familles des Iffs, et d'autres horizons. Afin de créer cette nouvelle sonnerie, sa composition est par ailleurs supervisée par l'Abbé Yves Legrand, alors expert musical du diocèse et maître de la chapelle de la Cathédrale de Rennes. Il choisit de former un accord dit "Parsifal" en Fa4, Mib4, Réb4 et Sib3, afin de l'harmoniser avec la cloche historique en Mib3. Cela confère ainsi un caractère assez unique à l'ensemble campanaire sur l'aspect musical. De plus, il fit mettre en place des mélodies pour les sonneries horaires, jouées toutes les heures. La grande cloche, bien qu'elle soit sujette à plusieurs défauts de coulée sur sa robe, possède un timbre qui donne tout son charme à l'ensemble. Fondues dans les ateliers de la famille Paccard à Annecy-le-Vieux en Haute-Savoie, elles furent bénies dans l'après-midi du dimanche 21 septembre 1958, par le Cardinal Clément Roques, Archevêque de Rennes, en l'année du centenaire des apparitions de Lourdes.

Ces nouvelles cloches portent chacun des noms très symboliques. La première porte le nom de Julienne-Désirée, en hommage à l'Abbé Julien Gallier, dont il avait tant œuvré pour la paroisse et souhaité la réalisation du projet. La seconde se nomme Florence-Désirée, dont la marraine officielle est Madame Florence Daguizan, mais remplacée lors de la cérémonie par Mademoiselle Thébault-Sevin. Donnée par cette famille, elle est également issue des offrandes des visiteurs de l'église. La troisième se nomme Jeanne-Thérèse, en souvenir de l'ancienne cloche de 1596 refondue à la Révolution et fut offerte par les familles des Iffs.

La plus petite porte le nom Bernadette-Hélène, en l'honneur de Sainte-Bernadette Soubirous, voyante des apparitions de Notre-Dame à Lourdes, mais également en souvenir de sa marraine, Mademoiselle Hélène Guibert, donatrice et miraculée du sanctuaire marial.

Ainsi, bien que l'Abbé Gallier n'ait pu mener à terme le projet de son temps, cette réalisation fut engagée et achevée très promptement et de façon prodigieuse après son décès, alors qu'elle semblait impossible au cours des vingt années précédentes. Selon les dires de la presse de l'époque, il semble que la Providence n'ait pas été étrangère à ces événements.

Comme je l'avais indiqué plus haut dans l'article, le clocher fit l'objet d'une restauration importante en 2016, qui fut l'occasion d'une remise en état de l'ensemble campanaire.

Pour finir, sur un aspect plus technique, parlons de leurs poids et dimensions respectives. Le quatuor au motif "Parsifal" en Fa4, Mib4, Réb4 et Sib3 possède les mensuration et masses suivantes : 565mm, 640mm, 710mm et 815mm pour 127kg, 169kg, 234kg et 347kg. La plus grande cloche en Mib3 située au 1er niveau sous la flèche cornouaillaise, mesure 1085mm de diamètre pour un poids d'environ... 683kg ! En effet, le poids est particulièrement léger pour une cloche de cette taille, qui souvent pèsent bien plus lourd. Cependant, à la différence des cloches dites "contemporaines", cette dernière possède un profil dit en "pain de sucre", souvent utilisé à l'époque de la Renaissance.


1er étage, partie inférieure de la tour


Nom: Nicollas-Marguerite Note: Mib3 Date: 1596 Poids 683kg Diamètre: 1083mm Fondeur: Anonyme


Inscriptions sur la cloche :


  • MISSIRE FRANSOYS CLECR RETEVR DE ISSY MONT NOMEE NICOLLAS TROCHET Sr DE MADAME MARQVERITE TOVNEMINE DAME DE LA BOVTELERIE

  • LAQVAVNAE THOMAS DE NOVAL THOMAS HOYTE ME QVILLAMNE LERI RC E

  • TROISIÈME LIGNE SANS INSCRIPTIONS


E : LETTRE DÉCALÉE VERS LE HAUT DANS LA SECONDE LIGNE D'INSCRIPTIONS


2nd étage, la flèche du XIXe siècle


Nom: Julienne-Désirée Note: Sib3 Date: 1958 Poids: 347kg Diamètre: 815mm Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux


Inscriptions sur la cloche :


ANNEE 1958

PIE XII, PAPE

"JULIENNE DESIREE"

EN MEMOIRE DE MESSIRE JULIEN GALLIER RECTEUR DES IFFS 1939-56

PROMOTEUR ET BIENFAITEUR DES "PETITES SOEURS DE MARGUERITE"

LOUONS ENSEMBLE UN DIEU SI BON POUR NOUS


ANNEE DU CENTENAIRE DES APPARITIONS DE LOURDES

S. Exc. LE CARDINAL ROQUES, ETANT ARCHEVEQUE DE RENNES

Mgr RIOPEL EVEQUE-AUXILIAIRE

LOUIS LEGROS, RECTEUR

JACQUES OLIVIER, COMTE DE LA VILLEON FABRICIEN

HENRI LECHAUX, MAIRE

ALPHONSE VETTIER, ADJOINT

RAYMOND CORNON ET HENRI COUASNON

ARCHITECTES DES MONUMENTS HISTORIQUES

ABBE LEGRAND EXPERT-MUSICAL


CARTOUCHE DU FONDEUR

★ FONDERIE PACCARD ANNECY ★


BLASON ET DEVISE DU CARDINAL ROQUES

IN FIDE ET LENITATE


TRADUCTION :

DANS LA FOI ET LA SÉRÉNITÉ


Nom: Florence-Désirée Note: Réb4 Date: 1958 Poids: 234kg Diamètre: 710 Fondeur: Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux


Inscriptions sur la cloche :


ANNEE 1958

FLORENCE-DESIREE

MA VOIX RAPPELLERA LE SOUVENIR DE

FLORENCE DAGUIZAN, MA MARRAINE ET

DES GENEREUX SOUSCRIPTEURS DE CE CARILLON

ET DES VISITEURS DE CETTE EGLISE


(sous un décor représentant le saint-patron de la paroissse)

ST. OUEN


QUAND VOUS M'ENTENDEZ

NE FERMEZ PAS VOS COEURS

"A DIEU HONNEUR ET GLOIRE

PAIX AUX HOMMES

PITIE POUR NOS DEFUNTS."


CARTOUCHE DU FONDEUR

★ FONDERIE PACCARD ANNECY ★


BLASON ET DEVISE DU CARDINAL ROQUES

IN FIDE ET LENITATE


TRADUCTION :

DANS LA FOI ET LA SÉRÉNITÉ


Nom: Jeanne-Thérèse Note: Mib4 Date: 1958 Poids: 169kg Diamètre: 640mm Fondeur: Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux


Inscriptions sur la cloche :


A.D. 1958

JEANNE-THERESE

EN SOUVENIR DE JEANNE "SOEUR DE MARGUERITE"

FONDUE EN 1793


CLOCHE OFFERTE

PAR

LES FAMILLES DES IFFS


DÉCOR DE SAINTE-BERNADETTE

BLESSED BERNADETTE


TRADUCTION :

BIENHEUREUSE BERNADETTE


CARTOUCHE DU FONDEUR

★ FONDERIE PACCARD ANNECY ★


BLASON ET DEVISE DU CARDINAL ROQUES

IN FIDE ET LENITATE


TRADUCTION :

DANS LA FOI ET LA SÉRÉNITÉ


Nom: Bernadette-Hélène Note: Fa4 Date: 1958 Poids: 127kg Diamètre: 565mm Fondeur: Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux


Inscriptions sur la cloche :


ANNEE 1958

BERNADETTE-HELENE

EN SOUVENIR DE Ste BERNADETTE SOUBIROUS

ET DE HELENE GUIBERT, MA MARRAINE

MIRACULEE DE LOURDES


NOTRE-DAME DE LOURDES

GUERISSEZ NOS MALADES

CONVERTISSEZ NOS COEURS


CARTOUCHE DU FONDEUR

★ FONDERIE PACCARD ANNECY ★


BLASON ET DEVISE DU CARDINAL ROQUES

IN FIDE ET LENITATE


TRADUCTION :

DANS LA FOI ET LA SÉRÉNITÉ


Afin de compléter ce présent article consacré à cet ensemble campanaire d'exception, je vous invite à consulter ci-dessous les quelques photos complémentaires que nous avons réalisées au cours de notre visite



La vidéo complète



Autres vidéos faites lors de notre visite par Mathieu LEBRUN (Mathieu 14280)


Solo de la cloche 1



Solo de la cloche 2



Solo de la cloche 3



Solo de la cloche 4



Solo de la cloche 5


Nous adressons nos sincères remerciements à la municipalité des Iffs, en particulier Monsieur le Maire, J-Y. JULLIEN, ainsi que son 1er Adjoint, Monsieur Y. REGNAULT pour les autorisations, ainsi que son accueil au sein de l'église et l'accompagnement durant toute une matinée afin d'inventorier et mettre en valeur cet ensemble campanaire d'exception, à travers cette vidéo.

Je tiens aussi à remercier mon ami et collègue campanaire normand, Mathieu LEBRUN pour avoir accepté mon invitation ainsi que pour son aide au cours de la découverte de ce patrimoine campanaire local aux multiples surprises. Je le remercie également pour la mise à disposition de son enregistreur avec sa caméra pour la réalisation de la vidéo. Sans lui, tout cela n'aurait pas été possible !


Sources des textes utilisés pour l'article :

Textes personnels

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