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Langon - Église Saint-Pierre

L'église Saint-Pierre de Langon figure parmi les édifices à l'architecture complexe et d'origine médiévale, les mieux conservés de Bretagne. En effet, un autel dédié à Saint-Pierre est attesté dès l'année 862, par une charte du cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon. Cependant, il ne subsiste aujourd'hui plus rien de ce premier édifice. Construit en bois, nous savons qu'il fut probablement détruit au cours du Xème siècle, suite aux incursions vikings, qui remontaient la Vilaine.

Les fondations de l'édifice que nous connaissons aujourd'hui remontent entre les XIe et XIIIe siècle par les moines bâtisseurs de Redon, qui étaient alors les seigneurs féodaux de la paroisse depuis l'an 834. Cette nouvelle construction serait une version réduite de la grande abbatiale de Redon, constituée d'une croix latine avec chevet très allongé, achevée par une abside, appuyé contre deux absidioles, s'ouvrant sur les bras du transept. La seule différence avec l'édifice Redonnais se retrouve dans les collatéraux, réalisés dès l'édification de l'église. De plus, le mur du chevet est soutenu à l'extérieur par quatre arcatures aveugles (autrement dit "fermées"), et saillantes, qui reposent sur des pied droits, formant un contrefort. Ce système, rappelant celui désigné sous le terme de bandes lombardes, consistait probablement une solution architecturale. Par ailleurs, l'édification du chevet et de l'absidiole nord sont antérieures celle de la nef centrale. Les matériaux utilisés furent majoritairement en grès ferrugineux (très courant au Moyen-Âge), ainsi que du schiste.

L'intérieur de l'église est également riche en histoire. l'absidiole, ou alors la chapelle nord, dédiée à la Vierge, avec le vocable de "chapelle du Rosaire", forme ainsi avec le chœur, la partie la plus ancienne de l'édifice. Cette chapelle latérale était également appelée "chapelle de Roche", d'après le nom d'une des familles seigneuriales de Langon. Autre élément intéressant redécouvert lors de la restauration de ces dernières années, concerne un ensemble iconographique peint, daté du XIIIe siècle et constituant de cette manière, un témoignage unique en Ille-et-Vilaine. Celui-ci représente le Père, en majesté dans sa mandorle. Restaurée par l'Abbé Grasland dans les années 20, cette œuvre est malheureusement partiellement cachée, du fait de la présence d'un retable lavallois du XVIIe siècle, représentant la donation du Rosaire à Saint-Dominique et Sainte-Catherine-de-Sienne.

Par le passé, l'église possédait également une seconde chapelle latérale côté sud. Elle fut remplacée par la sacristie actuelle en 1840.

Afin de mentionner encore d'autres détails intéressants dans l'église, de part et d'autres de l'édifice, on peut tout d'abord noter de nombreux trous dans la partie basse du lambris, attestant la présence de vases acoustiques du XIIIe siècle. Ceux-ci favorisent une meilleure sonorisation, supprimant l'écho dans l'édifice. Ce système, conservé encore dans quelques églises du département d'Ille-et-Vilaine est "entre-autre", l'ancêtre des micros et hauts-parleurs, que l'on connait aujourd'hui.

À la demande du recteur de l'époque, l'Abbé Grasland fit réaliser une peinture, selon l'esprit roman du XIIe siècle, par Monsieur Charles Randufreau, au cours de l'année 1920/1921, et exécutée par un certain Pierre Galle. En 1922, les murs furent recouverts d'une épaisse couche de chaux, reprenant l'aspect initial du faux appareillage de pierres en peinture rouge. Malheureusement ces travaux cachent ainsi les anciennes décorations qui seront retrouvées par endroits lors de la grande restauration de l'église au début du XXIe siècle.

À propos du mobilier liturgique, l'autel ainsi que l'ambon que nous pouvons observer ont tout d'abord été conçus dans l'optique de respecter les proportions de la porte du chœur, (celle-ci étant étroite), mais également de conserver les panneaux décoratifs représentant le Christ et les quatre évangélistes, Saint-Jean, Saint-Marc, Saint-Luc et Saint-Matthieu, qui auparavant, se trouvaient sur la chaire, située à droite de l'entrée du chœur. qui fut démontée au début du XXe siècle. Dans les années 1960, ces panneaux ont été intégrés dans un autel-bureau, face au peuple, qui prend place sur une estrade avancée sous le clocher. Leur conception permet de les intégrer au maximum avec les boiseries du chœur, tout en ayant une touche de modernité avec la couleur du nouveau mobilier. Par ailleurs, nous pouvons observer cinq croix, symbolisant les cinq plaies du Christ.

Toujours dans le chœur de l'église on y trouve également une crucifixion. originaire de Madagascar, il fut offert à la paroisse de Langon en 1980 en remerciement de l'aide apportée par les paroissiens pour la construction d'écoles et de ponts. Très expressif, ce Christ en croix semble appeler les riches à soulager les pauvres, leur rappelant de "regarder" près d’eux.

Au fond de la nef, sur le côté droit on découvre également des fonts baptismaux à double cuve polygonal datés du XVIIe siècle, avec au-dessus, un dais appuyés par des colonnes sur une balustrade à pilastres tournés. Surmonté d'une couronne, celle-ci complète l'élan de huit arbalétriers courbés vers un fleuron. Enfin, près de la porte d'entrée de l'église, côté nord, nous voyons une trappe, dont l'ouverture permet de retrouver les anciens sols qui étaient réalisés en tomettes et palissés, aujourd'hui recouvertes d'une dalle en ciment bouchardée agrémentée de frise en mosaïque.

Pour terminer cette partie de l'article consacré à l'édifice, parlons l'incroyable chantier de restauration s'étant déroulé ces dernières années. En 2002, il fit l'objet d'un classement dans sa totalité, au titre des Monuments Historiques. Cependant, en raison de l'état de dégradation important, sont décidées l'arrêt des sonneries des cloches en 2003 ainsi que la fermeture en 2004. C'est finalement grâce à la volonté et l'obstination des élus et habitants de Langon que sa réouverture a été rendue possible au cours de l'été 2019, et ce, avec 18 mois d'avance ! Toutefois, cela n'a pas été sans embuches. Malgré un changement d'architecte en 2010 qui semble n'a pas facilité les choses, c'est finalement en 2014 que commencent les travaux de restauration, prévus en trois tranches. À la fin du chantier, le montant de restauration aura nécessité un investissement de 2.4 million d'euros, dont 26% à la charge de la commune. Le reste du montant fut notamment financés par la Région, la Fondation du Patrimoine et d'autres, sans oublier les donateurs divers et variés, réguliers, ou occasionnels.

C'est ainsi que l'inauguration paroissiale eu lieu fin juin, dans une église pleine à craquer, en présence de Mgr Pierre d'Ornellas, assisté de huit prêtres pour l'occasion. Michel Renoul, alors Maire de Langon, remit symboliquement la clé de l'église à Monsieur Paul Habert, responsable de la paroisse. L'ouverture dite "civile" s'est quant à elle déroulée début juillet avec une affluence quasi similaire, de près de 300 personnes.


Avant d'aller plus loin et dé vous faire découvrir ce qui se cache dans la tour de l'église, voici diverses photos montrant l'intérieur entièrement rénové



Les cloches

Le clocher de l’église de Langon est doté d’une sonnerie de trois cloches à l’histoire très particulière. En effet : installées dans la plus ancienne charpente aujourd’hui attestée en Bretagne, la tour était à l’origine dotée de deux cloches réalisées au cours du XIVe siècle, nommées "Caroline-Marie" et "Marguerite Sainte-Barbe". Fondues lors de la Révolution française en 1794 afin d’en faire des canons, il ne restera qu’une seule petite cloche en 1827. L’année suivante, une quête permit l’acquisition de deux nouvelles dames de bronze de 130kg 220kg. Cependant, nous n’en connaissons pas le fondeur. En 1867, la petite cloche étant cassée elle dût être remplacée, et c’est à cette occasion que l’on fit refaire les deux autres cloches dans les ateliers de Paul Havard, fondeur de cloches à Villedieu-les-Poêles dans la Manche. La petite et la grande portent les noms respectifs de "Marie-Louise" et "Marie-Joseph". La seconde cloche, fit quant à elle l’objet d’une refonte en 1927. Elle se nomme Agathe, sainte-patronne des nourrices et des nouveaux-nés, mais également des fondeurs de cloches. Électrifié en 1930 la sonnerie fera l’objet d’une rénovation en 1964. Au cours du grand chantier de restauration ces dernières années, leurs installations furent refaites à neuf, avec l’ajout de nouveaux planchers dans le beffroi, le remplacement mécanique par de nouveaux moteurs électroniques, ainsi que le changement des jougs. Aujourd’hui, ces cloches profitent de leur cure de jouvence et annoncent ainsi, de nouveau, outre les sonneries journalières et cérémonies religieuses, les joies et les peines de la commune.

Leurs caractéristiques sont les suivantes : fondues en profil moyen leurs diamètres et poids correspondants sont de 1152mm de diamètre et 878kg pour la grande, la seconde mesure 1036mm pour 614kg, la troisième pèse quant à elle 409kg pour 907mm de diamètre.


Nom: Marie-Louise Note: Mi3 Date: 1867 Poids: 878kg Diamètre: 1152mm Fondeur: Paul Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


25 MARS 1867

BENITE PAR Mr PICHOT CURE DE REDON V. GENal

ASSISTE DE M M

J. LESNE RECTEUR N. PIGUEL VICAIRE

G. BOUVAIS MAIRE

J. BOUCHET J. MACE J. GUERIN

J. DELANOE J. NEVOU

FABRICIENS


(Particularité sur la 2ème ligne : lettres N et A manqantes dans l'abréviation de Vicaire Général", laissant ainsi un espace vide


PAUL HAVARD ; A VILLEDIEU VENDUE PAR MADIOT DE RENNES


NOMMEE MARIE LOUISE DE LANGON

PARRAIN

Mr LOUIS MARIE GAULTIER GUISTIERE DE LA CHALNAYE

MARRAINE

Mme MARTHE MARIE MADELEINE COMTESSE DE BOIS-BERANGER

NEE GAULTIER GUISTIERE DE LA CHALNAYE


Nom: Agathe Note: Fa#3 Date: 1927 Poids: 614kg Diamètre: 1036mm Fondeur: Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


L AN 1927

S. S. PIE XI ETANT PAPE

S. E. LE CARDINAL CHAROST ARCHEVEQUE

DE RENNES DOL ET St MALO

M.M

L ABBE GAUTIER RECTEUR DE LANGON

BOUDARD MAIRE


CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU


J IA ETE OFFERTE

PAR LES PAROISSIENS

ET NOMMEE PAR EUX

COLLECTIVEMENT

AGATHE DE LANGON


(Particularité sur la 1ère ligne : "IA" – Lettres inversées voulant dire "J’AI")


Nom: Marie-Joseph Note: Sol#3 Date: 1867 Poids: 409kg Diamètre: 907mm Fondeur: Paul Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


25 MARS 1867

BENITE PAR Mr PICHOT CURE DE REDON V. GENal

ASSISTE DE M M

J. LESNE RECTEUR N. PIGUEL VICAIRE G. BOUVAIS MAIRE

J. BOUCHET J. MACE J. GUERIN J. DELANOE J. NENOU

FABRICIENS


PAUL HAVARD A VILLEDIEU MANCHE ; VENDUE PAR MADIOT DE RENNES


NOMMEE MARIE JOSEPH DE LANGON

PARRAIN

Mr PIERRE JOSEPH NEVOU CHANne HONre

SUPERIEUR DU COLLEGE DE VITRE

MARRAINE

Mme ANNE MARIE DELALANDE NEE GEFFRAY

EPOUSE DE J.M. DELALANDE


Afin de compléter cette présentation, voici ci-dessous quelques photos complémentaires réalisées lors de notre visite



La vidéo


Nous remercions sincèrement la municipalité de Langon, en particulier Monsieur J-Y. COLLÉAUX, Maire de la commune pour son accord afin d'étudier et réaliser une vidéo de l'ensemble campanaire de l'église. Un rand merci également Mme A. LE ROUX, 1ère Adjointe au Maire pour son chaleureux accueil, ainsi que l'ouverture de l'église lors de notre venue.

Je ne manquerai pas de citer mon cher ami et collègue Matthieu JULES, invité dans la réalisation de ce projet envisagé de longue date, pour sa présence et l'aide apportée dans l'inventaire campanaire et la réalisation de cette vidéo !


Sources des textes utilisés pour l'article :

Documents sur l'histoire des cloches

Textes personnels

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