En 1366, une chapelle fut érigée en paroisse. La communauté des habitants de La Ferté-Bernard entreprend de construire l'église Notre-Dame-des-Marais dans la seconde moitié du XVe siècle. La construction est commencée par la nef, le transept sans saillie et les deux premières travées du chœur côté nord. La tour constitue le bras nord du transept. La nef et le transept ont été construits dans une architecture très simple. La hauteur des voûtes ne dépasse pas 17 m. C'est dans la tour carrée du clocher élégamment décorée portant un toit en double bâtière avec une petite flèche en bois recouverte de plomb et atteignant 50 m que les habitants ont choisi de placer la représentation de leur prestige.
Dans le cadre de la réalisation de nouveaux travaux sur l'église, un terrain a été acheté en 1484 pour permettre d'allonger la nef. Aussi, pour permettre de donner au vaisseau central sa longueur actuelle vers l'est, des terrains ont été achetés en 1505 et 1524. Le chœur est entrepris après la nef. Une "piscine" près de l'autel de la Passion porte les armes de Louis XII montrant que le collatéral nord est terminé sous son règne.
Dans le déambulatoire sont construites trois chapelles. La chapelle d'axe est construite suivant un plan semblable à celui adopté à la cathédrale du Mans, avec trois travées droites et un chevet à trois pans. Ces chapelles ont été entreprises par Jérôme Gouin, puis par Jean Texier (respectivement décédés en 1526 et avant 1531). Jean Texier était le cousin de son homonyme constructeur du clocher neuf de la cathédrale de Chartres qui était aussi appelé Jean de Beauce. Les chapelles ont été consacrées en 1529. La chapelle d'axe a été vitrée en 1533 et 1534. Les verrières de la chapelle pentagonale sud sont posées en 1540.
Mathurin Delaborde, qui est aussi le maître maçon de la ville de Chartres et le gendre de Jean de Beauce, est chargé depuis 1535 des travaux de l'église Notre-Dame-des-Marais. Les voûtes des chapelles pentagonales sud et nord portent les dates de 1543 et 1544. On constate une profusion de clés pendantes dans la chapelle du chevet.
Entre 1539 et 1541, l'architecte réalisa les fenêtres du collatéral sud du chœur. Il avait choisi de faire de la façade sud de l'église la façade principale. Ce choix était dû à l'environnement de l'église au moment de sa construction. La façade occidentale s'ouvrait sur une ruelle en impasse, et le portail nord donnait accès au cimetière. Il a donné une importante décoration à cette façade sous une corniche et une balustrade historiée. Les balustrades des chapelles pentagonales sont consacrées à l'hymne "Regina Coeli", et celle du chœur à l'"Ave regina coelorum". On trouve des cartouches sur cette dernière donnant des dates comprises entre 1551 et 1570.
C'est probablement Mathurin Delaborde, l'architecte, qui avait décidé de porter les voûtes du chœur à 25 m. Cela conduit à avoir le comble du toit à presque la même hauteur que le sommet de la tour. Il choisitd'éclairer le chœur par des fenêtres hautes de 7 m. Sous celles-ci se trouve le triforium dont des cartouches donnent la date de 1549.
Jean Marcadé construit les trois arcs-boutants du bas-côté nord en 1569. Il avait travaillé auparavant sous les ordres de Mathurin Delaborde.
Les voûtes du collatéral sud sont fermées en 1577. Les travaux sont alors confiés à une famille de maîtres maçons, les Viet. Les voûtes du haut chœur sont également fermées en 1596. On a alors inscrit au-dessus de l'arc triomphal "Ceste œuvre su desus a esté faitte et conduitte par troys frères, Robert, Gabriel et Hiérosme les Vietz, maistres masons 1596". Une des voûtes est aussi signée "Jehan Viet maso(n)". Le délai très important de construction de l'édifice était dû aux faibles ressources de la fabrique. Ses revenus ne dépassaient pas 700 à 800 livres par an, une somme très importante à l'époque. Pour permettre d'accélérer la construction, un cordelier de la Ferté-Bernard, devenu par la suite conseiller et confesseur de l'empereur Charles Quint, Jean Glapion avait obtenu des indulgences de Rome avant 1522. En 1533 le roi François Ier avait donné des subsides. Cependant ces revenus n'ont pas suffi à compenser la crise que l'arrivée de l'or américain avait provoquée en dépréciant la monnaie. Celle-ci avait perdu la moitié de sa valeur entre 1525 et 1550.
Les guerres de religion n'ont pas eu de conséquence fâcheuse sur l'édifice malgré le siège de 1590.
Plus tard au siècle suivant, une chapelle a été ajoutée en 1623. Par la suite, La petite flèche de la tour, détruite en 1740, a été rétablie par l'architecte diocésain Denis Darcy en 1880. La restauration de l'église a été terminée en 1890.
Pour en savoir plus sur l'orgue, ainsi que les vitraux de l'édifice, je vous renvoie aux liens qui se trouvent en bas de l'article, qui m'ont servi de références pour le rédiger.
Voici de nombreuses photos de l'intérieur de l'église Notre-Dame-des-Marais
Les cloches
Trois cloches se trouvent dans le grand et imposant clocher de l'église Notre-Dame-des-Marais. Les deux plus grandes ont été faites en 1833 par Aimé Hildebrand, fondeur de l'empereur à Paris. La plus petite provient quand à elle des fondeurs Ernest et Amédée Bollée, très fameux fondeur installé dans la capitale sarthoise du Mans. Parmi les quelques particularités que l'on peut observer sur cet ensemble, on peut notamment mentionner la qualité sonore des deux grandes cloches. En effet, le fondeur était souvent réputé pour ses cloches parfois de qualité "très aléatoire" selon la génération de la fonderie. Ceci étant dit les cloches parisiennes de La Ferté-Bernard ont une sonorité tout à fait respectable et s'accordent plutôt bien avec la petite cloche fondue par Ernest et Amédée Bollée. L'autre particularité sur les cloches de l'édifice concerne la plus grosse d'entre-elles. En effet, cette dernière s'était fêlée en 2012 et fut restaurée par l'entreprise de campanistes BODET, basée à Trémentines dans le Maine-et-Loire. On peut d'ailleurs voir une grosse trace de soudure dans les photos.
Pour finir, l'ensemble campanaire bien qu'assez modeste par rapport à la grandeur de l'édifice fut un très grand plaisir à découvrir, étant donné qu'au moment de notre visite, des travaux de restauration étaient en cours, répartis en plusieurs tranches. De ce fait, l'église Notre-Dame-des-Marais est rénovation complète depuis 2019 et le chantier devrait se terminer aux alentours de 2024.
Nom: Parie-Perrine Note: Mib3 Date: 1833 Poids: 1398kg Diamètre: 1320mm Fondeur: Aimé Hildebrand à Paris
Inscriptions sur la cloche :
☛ L AN 1833 J AI ETE BENITE PAR Mgr PHILIPPE CARON EVEQUE DU MANS ET DE LA SARTHE ET NOMMEE MARIE PERRINE PAR
☛ Mr PIERRE GRENECHE CURE M. M COLLET CURE DESBRANNE PIERRE DESLANDES CHARLES ADJOINT AU MAIRE DE LA FERTE BERNARD
☛ DESLANDES FREDERIC ET ELOE LATOUCHE DESBRANNE PIERRES VERIDIER MARGUILLIER
HILDEBRAND FONDEUR A PARIS
Nom: Julienne Note: Fa3 Date: 1833 Poids: 1029kg Diamètre: 1187mm Fondeur: Aimé Hildebrand à Paris
Inscriptions sur la cloche :
☛ L AN 1833 J AI ETE BENITE PAR Mgr PHILIPPE CARON EVEQUE DU MANS ET DE LA SARTHE ET NOMMEE JULIENNE PAR
☛ Mr PIERRE GRENECHE CURE M. M COLLET CURE DESBRANNE PIERRE DESLANDES CHARLES ADJOINT AU MAIRE DE LA FERTE BERNARD
☛ DESLANDES FREDERIC ET ELOE LATOUCHE DESBRANNE PIERRES VERIDIER MARGUILLIER
HILDEBRAND FONDEUR A PARIS
Nom: Alice-Auguste Note: Sol3 Date: 1875 Poids: 660kg Diamètre: 1031mm Fondeur: Ernest et Amédée Bollée au Mans
Inscriptions sur la cloche :
☛ L'AN 1875 J'AI ETE BENITE POUR L'EGLISE DE LA FERTE BERNARD PAR Mr ALBERT HECTOR D'OUTREMONT EVEQUE DU MANS ASSISTE DE M. M
☛ A. QUENTIN CURE DE LA PAsse LEROY ET SIMON VICAIRE ET NOMMEE ALICE AUGUSTE PAR Mr ARMAND MAIRE ODET RICHARD CHAPELLE MARQUIS
☛ JUMILHAC Mr MMe MARIE ALICE HEINE MARQUISE DE JUMILHAC M. M LEMINEUR MAIRE LAMBERT CURRIER ROUSSEAU LEPRINGE FILHON FABRICIEN
BOLLEE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS
Pour compléter cet article avant la vidéo, voici des photos de l'intérieur du clocher
La vidéo
Nous tenons à remercier en premier lieu Monsieur D. REVEAU, Maire de La Ferté-Bernard, pour son autorisation de visite du clocher de l'église Notre-Dame-des-Marais, afin de faire l'inventaire campanaire et les enregistrements.
Nous remercions également Monsieur N. CHABLE, Conseiller Municipal au Patrimoine pour l'accompagnement au sein du clocher tout au long de notre visite, ainsi que pour nous avoir permis de faire sonner les deux grandes cloches manuellement lors de l'Angélus, sonné électriquement sur la cloche 3.
Je tiens pour ma part à remercier mes confrères et amis de campanologie Matthieu JULES, Quentin BOISNAY, alias "Le Patrimoine Campanaire de l'Ouest", ainsi que "Le Sonneur de Carillons", pour leur présence tout au long de cette journée de visites de clochers dans le Perche sarthois. Je les remercie également pour toute leur aide apportée à la réalisation de cette vidéo, car sans eux, tout cela n'aurait pas été possible !
NB: Le grincement que vous pouvez entendre dans la vidéo provient en fait du battant de la grande cloche. Nous ne savons pas vraiment quelle était l'origine de ce bruit.
Sources des textes utilisés pour l'article :
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