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La Baussaine - Église Saint-Léon-le-Grand

La première mention de La Baussaine remonte à 1197. Un certain "Guillaume", prêtre de l'époque en ces lieux fut témoin d’une donation faite à l’abbaye Saint-Georges de Rennes par les Seigneurs et Dame de Tinténiac. Le nom de la commune que nous connaissons aujourd'hui est par ailleurs clairement certifié par la cartulaire du monastère en 1220. Elle devient une paroisse indépendante deux siècles plus tard, après avoir reçu l'aval du pape Eugène IV en 1442. Jusqu'à la Révolution, cette localité dépendra de la seigneurie de Tinténiac-Montmuran, comme en attestent les armoiries de Tinténiac, sculptées sur ses fonts baptismaux.

Les parties les plus anciennes que nous pouvons découvrir sur l'église actuelle remontent principalement jusqu'aux XVe et XVIe siècles. Reconstruite en 1527 et 1555, quatre chapelles ont été ajoutées au côté nord de la nef, et une autre fut édifiée au sud de l'édifice en 1575. Il s'agit de la chapelle de la Vierge, au-dessus de laquelle repose la base du clocher édifiée en 1746. Ce clocher est à ce jour terminé par la flèche en ardoise que nous connaissons aujourd'hui. Toutefois, une inscription atteste d'une édification plus ancienne en 1575, d'après date relevée par le chanoine Guillotin-de-Corson.

La nef est terminée par un chevet droit ouvert par une fenêtre flamboyante. Ce dernier forme à l'extérieur un pignon orné de gargouilles, choux et pinacles. L'un des éléments intérieurs les plus intéressants concerne les différentes verrières, d'époques très variées, mais dont les pièces les plus anciennes datent du XVIe siècle et furent restaurées au cours du XIXe siècle. La verrière du choeur présente les étapes de la passion du Christ, commençant du bas, jusqu'en haut. La chapelle septentrionale n'a quand à elle plus ses anciens vitraux qui furent remplacés. Il est de même pour une autre chapelle latérale qui ne lui reste que quelques fragments insérés dans les vitraux restaurés. La sacristie actuelle fut édifiée en 1676, mais fut entièrement refaite entre 1834 et 1836. Parmi le mobilier on peut citer par exemple les autels signés par les ateliers rennais Hérault dans les années 1850, ou plus intéressant encore, les fonts baptismaux au fond de l'église côté nord datés du XIVe siècle et ornés des armes de la noblesse de Tinténiac de l'époque.

Du fait de la valeur historique et patrimoniale de l'édifice, l’église est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques le 14 octobre 1926.

Depuis quelques années, elle nécessite d’importants travaux de rénovation suite à l'usure du temps. Bien qu'une première tranche de travaux ait été complétée en 2019, de nouveaux financements sont nécessaires afin de continuer la restauration, qui permettrait notamment d'empêcher les infiltrations d'eau qui fragilisent la structure, mais aussi pour améliorer l'évacuation des eaux de pluie. Il est aussi prévu de restaurer la voûte du chœur, refaire les couvertures, charpentes, ainsi que la maçonnerie du chœur et des chapelles Nord. Ces travaux permettront d’assurer durablement le clos-couvert de l'édifice, actuellement très dégradé.

La commune étant en recherches de fonds, ceux-ci sont issus de plusieurs financements, notamment avec l'aide d'une campagne de dons de la Fondation du Patrimoine. Espérons que ce projet de restauration aboutisse afin de valoriser l'église de La Baussaine !


Avant de parler de l'ensemble campanaire de l'édifice, nous vous présentons des photos de l'intérieur de l'édifice via le lien ci-dessous



Les cloches

Dans le clocher de l'église de La Baussaine, se cache un des ensembles campanaires les plus intéressants au nord de l'Ille-et-Vilaine. Du point de vue historique, nous savons que celui-ci remonte au moins jusqu'au milieu du 15e siècle d'après ce que les archives et les anciens recensements des Monuments Historiques nous apprennent. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en effet, une cloche fondue en 1463 était encore en place et fit l'objet d'un classement en 1919. Pour des raisons inconnues au moment de la rédaction de cet article, et malgré la mesure de protection, celle-ci sera remplacée par l'actuelle cloche 2, fondue par Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles en Normandie. Toutefois, sa mémoire y est inscrite par sa date de fabrication en chiffres romains : "MCCCCLXIII". Elle porte les noms d'Anne-Marie-Thérèse-Armande" Deux autres cloches l'accompagnent dans le beffroi, réparti sur deux étages. La grande cloche située au premier niveau, possède une histoire particulière. En 1953, il fut constaté qu'une des cloches de l'église était fêlée. Fondue en 1842, elle pesait 250kg et sonnait un Si de la 3ème octave. Après concertation, il fut décidé de passer commande auprès d'un autre artisan. Ils choisirent donc l'atelier du maître-fondeur Alfred Paccard, situé en Haute-Savoie.

En effet, suite à divers désaccords entre la dynastie normande et la municipalité de l'époque après la fonte de 1949 (notamment sur l'aspect financier), ils s'adressèrent ainsi à la fonderie savoyarde alors installée à Annecy-le-Vieux. D'après les mesures prises lors de notre inventaire elle pèse environ 850kg. Elle est de ce fait trois fois plus lourde que sa prédécesseure et rend ainsi l'ensemble plus harmonieux par la même occasion. Nommée Marie-Laure-Bernadette-Léone, la nouvelle cloche fut bénie en grande pompe par l'Abbé Cheruel le 23 octobre 1955 en présence des parrains et marraines et des autorités ecclésiastiques.

Du point de vue technique, elle possède comme particularité d'être en volée rétrograde, contrairement aux deux autres installées en lancé-franc, ce qui limite les efforts sur le beffroi et la charpente dans sa partie basse qui fut renforcée afin de pérenniser l'installation. On en profita également pour électrifier l'ensemble campanaire. Pour l'anecdote, le financement du projet s'élevait en tout à environ 1 370 500 anciens francs. La somme convertie en euros reviendrait de nos jours à un projet à 33 000€.

Pour finir la description de l'ensemble campanaire, je souhaite nous attarder sur la plus petite, mais également la plus intéressante des trois cloches de l'édifice. Fondue en 1842, elle porte les noms de Jeanne-Marie et porte l'une des signatures de fonderies des plus inattendues. Celle-ci est la suivante : "OSMOND ARTISTE STATUAIRE ET FONDEUR A RENNES". Au départ, nous étions très surpris de trouver un tel nom originaire de la capitale parlementaire. Cependant, la réponse fut trouvée après avoir fait quelques recherches et il s'agissait bel et bien d'un fondeur parisien que certains lecteurs du site connaissent déjà. Adrien Osmond, dit "fondeur du roy" à Paris, se trouvait alors dans une situation familiale assez compliquée, ce qui l'avait certainement conduit à quitter temporairement la capitale et s'installer à Rennes. quelques années avant de revenir dans la "ville-lumière". Pour en revenir à l'ancienne cloche de 1842 refondue en 1955, il y a de fortes chances qu'elle ait été également coulée par le même saintier parisien, mais seules des archives pourraient le confirmer.



Nom: Marie-Laure-Bernadette-Léone Note: Fa3 Date: 1955 Poids: 856kg Diamètre: 1150mm Fondeur: Alfred Paccard à Annecy-le-Vieux


Inscriptions sur la cloche :


MARIE-LAURE-BERNADETTE-LEONE

BENITE EN L'AN DE GRACE 1955

S. S. PIE XII ETANT PAPE

S. Em. LE CARDINAL ROQUES, ARCHEVEQUE DE RENNES

Mr L'ABBE F. CHERUEL, RECTEUR DE LA BAUSSAINE

Mr ROGER GAUTIER, MAIRE

Mr LOUIS LEBRET, ADJOINT

REPRESENTANT LE CONSEIL MUNICIPAL UNANIME

MM. E. BELAN, E. BAIN F. BELLIER ET F. PINAULT

CONSEILLERS PAROISSIAUX

REPRESENTANT LEURS GENEREUX COMPATRIOTES


"CHAQUE FOIS QUE VOUS ENTENDREZ SA VOIX

GARDEZ-VOUS D'ENDURCIR VOS COEURS"


Cartouche du fondeur :

LA SAVOYARDE ; LA JEANNE D'ARC LES FILS DE G. PACCARD A ANNECY-LE-VIEUX

N° de série au-dessus de la frise

174


Sur la frise au niveau de la panse :

PANIS ANGELICUS ; FIT PANIS HOMINUM


Traduction de l'inscription : LE PAIN DES ANGES ; DEVIENT LE PAIN DES HOMMES



Nom: Anne-Marie-Thérèse-Armande Note: Sol3 Date: 1949 Poids: 469kg Diamètre: 940mm Fondeur: Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


CLEMENT ROQUES CARDINAL ARCHEVEQUE DE RENNES

ARD GUYON RECTEUR

JB COUDRAY MAIRE

LA BAUSSAINE

JE M APPELLE

ANNE MARIE THERESE ARMANDE

1949


M. CORNILLE ; VILLEDIEU


En gras sur cette face : Prénom du recteur manquant et partiellement inscrit - aucunes lettres en creux servant de corrections n'ont été observées


LAUDA DEUM VERUM

PLEBEM VOCA CONGREGA CLERUM

DEFUNCTOS PLORA PESTEM FUGA

FESTA DECORA

MCCCCLXIII


Traduction de l'inscription :

LOUE LE VRAI DIEU

APPELLE LE PEUPLE ET RASSEMBLE LE CLERGÉ

PLEURE LES DÉFUNTS CHASSE LA PESTE

EMBELLIS LES FÊTES

1463


Nom: Jeanne-Marie Note: La3 Date: 1842 Poids: 419kg Diamètre: 889mm Fondeur: Osmond, artiste statuaire et fondeur à Rennes


Inscriptions sur la cloche :


EN 1842 J AI ETE NOMMEE JEANNE MARIE PAR Mr Jn SEVIN DUHIL

ET PAR Me Mle ELISh AUGne CAILLAUD DE BEAUMONT EPOUSE DE

Mr DUCHESNE DE LA BERECHERE


OSMOND ARTISTE STATUAIRE ET FONDEUR

A RENNES

Afin de compléter cet article avant de passer à la vidéo, je vous invite à découvrir les quelques photos complémentaires que nous avons effectuées au cours de l'inventaire



La vidéo


Nous adressons nos sincères remerciements à la mairie de La Baussaine, en particulier son Maire, Monsieur J. LOISEL, pour son aimable autorisation afin de visiter et inventorier les cloches de l'église.

Un grand merci également à Monsieur H. COLLET, Conseiller Municipal de La Baussaine et Monsieur J-M. PRESCHOUX, voisin de l'église pour l'ouverture de l'édifice et l'accès au clocher. Un grand merci pour leurs aides respectives au cours de l'étude de l'ensemble campanaire et la réalisation des enregistrements audio et vidéo ! Ce fut également l'occasion de très bons échanges lors de cette visite ! Je tiens pour ma part à remercier mes chers confrères Matthieu et Sébastien JULES pour avoir accepté mon invitation afin de découvrir le patrimoine campanaire et religieux de la commune, ainsi que pour l'aide apportée au cours de l'inventaire.


PS : Comme vous pouvez le voir dans la vidéo, la cloche 3 a seulement été tintée. En effet, la cloche était à l'arrêt suite à des problèmes de stabilité du clocher. De plus celui-ci nécessite des travaux de réfection suite à des problèmes de toiture et d'électricité. En attendant les réparations, le moteur de la cloche était déconnecté du tableau de commande lors de notre venue et il ne fut par ailleurs pas possible de la sonner en volée manuelle pour des raisons de sécurité.


Sources des textes utilisés pour l'article :

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