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Guignen - Église Saint-Martin

Construite L'église actuelle de Guignen remplace un édifice aux origines très anciennes remontant à l'époque romane, dont certaines parties dataient des Xe et XIe siècles, ou encore, du XIIe siècle. Son architecture était en effet similaire à d'autres édifices de cette époque on l'on retrouve plusieurs éléments typiques : une abside (ou tribune) demi-circulaire, où l'autel était placé au milieu, un banc en pierre servant de siège au célébrant qui présidait les cérémonies, et situé au fond de l'hémicycle, où les autres clercs siégeaient à ses côtés, entouraient ainsi presque entièrement la table du sacrifice.

Les murs latéraux se prolongeaient en avant de l'abside et formaient le chanceau, où se trouvaient les autres membres du clergé, (cérémoniaires, chantres ou enfants de chœur), appelé aussi "bas-chœur", précédé d'une clôture séparant la nef de cette partie de l'édifice. Ainsi, l'entièreté de cette disposition ici présentée, alors très typique à cette époque, se retrouvait dans l'ancienne église de Guignen.

La partie extérieure de l'abside était décorée d'arcades pleines, dont les cintres reposaient sur des chapiteaux de demi-colonnes, en granite rouge et de la même taille sur toute leur élévation. Ces chapiteaux sont ornés de filets enlacés de différentes manières. De même, des ouvertures entre les colonnes avaient été pratiquées plus tardivement et il probable qu'il n'y eut aucune à l'origine. En outre, cette partie voutée servait de sacristie. Ce fut également l'époque où fut l'autel fut orienté, à la place d'un demi-cercle, c'est à dire dirigé vers l'est (et donc vers Jérusalem). Les murs du chœur avaient été consolidés par des contreforts larges, n'étant que des pilastres peu saillants et s'élevant d'un seul bloc jusqu'à la toiture. la chapelle nord qui était plus récente par rapport au reste de l'ancienne église, disposait de deux fenêtres en ogives élégantes.

D'autres détails intéressants sur l'ancien édifice concerne en premier lieu un tombeau du vicomte et seigneur de Guignen, Jean de Saint-Amadour, fait chevalier par le Roi Charles VIII à la bataille de Fornoue (en Italie). Grand-veneur, chambellan et grand-maître des eaux et forêts de Bretagne, il meut en 1538. Son tombeau était placé sous une arcade réalisée dans le mur septentrional du chœur. La face antérieure est ornée de niches remplies de statuettes et séparées par de petits pilastres. Il présentait ainsi la forme des coffres et bahuts de la renaissance. Conservée au fond de l'église actuelle, une statue à taille humaine représente le noble seigneur agenouillé devant un prie-Dieu couvert d'un tapis, sur lequel repose un livre ouvert. Revêtu de son armure et d'une dalmatique rouge parsemée de têtes de loups d'argent, les mains jointes et les yeux baissés, il prie avec toute la ferveur de la foi bretonne.

L'ancienne église possédait encore une curiosité : elle disposait en effet d'une crypte voûtée sous le chœur, contenant une source abondante d'eau limpide. Il s'agissait apparemment d'une ancienne fontaine druidique, alors reconvertie en lieu chrétien. Au fil des siècles cependant, l'humidité de cette même fontaine n'eut d'autre effet que de maintenir une humidité, nuisant à la pérennité de l'édifice.

C'est ainsi qu'à la fin de l'année 1878, décision fut prise par la municipalité et le conseil de fabrique de Guignen de reconstruire l'église dans sa totalité, alors devenue insuffisante en raison du nombre d'habitants en augmentation. Réalisée par les architectes Béziers-Lafosse et Arthur Regnault, la nouvelle église fut édifiée de 1879 à 1898. Bien que la durée du chantier puisse facilement s'expliquer par les difficultés financières survenues à maintes reprises au cours du chantier, Cela n'empêcha nullement son achèvement. En effet l'église fut bénite par le chanoine Esnaud le 10 novembre 1883 alors que seul le transept était tout juste voûté. Le Saint-Sacrement fut apporté à l'autel principal le lendemain. Trois autels étaient alors déjà en place et l'ont pu dès lors célébrer la Messe en ce lieu, Messe alors célébrée depuis le mois de mars 1879, dans une église temporaire faite de planches, édifiée dans "le Champ à Marion", sur le terrain du grand presbytère. Marion était le prénom de Mademoiselle Esnaud qui avait gracieusement prêté cet emplacement au cours de cette période. Les murs ainsi que les voutes sont complétées en 1884 avec la pose d'un dallage en granit. Cependant la tour, restée à découverte, se dégrade et fit l'objet d'une couverture temporaire à la fin de l'année. Après un arrêt des travaux pendant sept mois (de février à octobre 1885), le recteur ayant reçu 6985 francs (environ 30 000€ aujourd'hui), de la part de donateurs, des vitraux ont été offerts par ce dernier, ainsi que du chanoine Esnaud et d'un certain Mr Coquet, habitant de la commune. À propos du mobilier, la maison Folliet, marbrier de Rennes réalisa le maître-autel en marbre blanc, qui sera posé pour Pâques 1887. Deux ans plus tard en 1890, deux dames, Jeanne et Anne BRUCHET, offrirent deux anges adorateurs que nous pouvons observer de part et d'autre de l'autel. De même, la fabrique fit l'acquisition de trois confessionnaux ainsi que de fonts baptismaux, eux aussi en marbre blanc.

Ce n'est que dix ans plus tard, en 1895 à la demande du recteur de l'époque, l'abbé Trochu, que le conseil de fabrique lance la construction de la flèche du clocher et l'on fit appel à l'architecte Arthur Regnault. Cependant, le conseil ne trouvant pas les ressources nécessaires, l'abbé s'engage à commencer les travaux "à ses risques et périls" dit-on, au début de l'année 1898, qui seront alors confiés à Mr Brunet, entrepreneur situé rue Vasselot.


Avant d'évoquer la petite histoire campanaire de l'église de Guignen, voici diverses photos de l'intérieur de l'édifice prises au cours de notre visite



Les cloches

L'ensemble campanaire de l'église de Guignen se compose de quatre cloches de grandes tailles, dont la plus ancienne datant de 1822 à l'origine fut refondue en 1901.

Dès 1897, l'abbé Trochu entame les échanges avec Adolphe Havard pour lui passer commande d'un premier ensemble de trois cloches; qui furent réalisées en 1900. respectivement baptisées Marie, Gabrielle-Joseph et Élisabeth, leurs parrains et marraines furent le maire de Guignen, des membres de la noblesse ainsi que du clergé. Venant de plusieurs paroisses, plusieurs prêtres, aussi bien curés ou vicaires natifs de la commune, furent choisis. Les marraines de la seconde cloche furent une communauté des "Sœurs de la Providence". Originaires de Ruillé-sur-Loir, un groupe de leur congrégation s’était installé en 1859 afin d’assurer l’enseignement dans une école pour filles. L'année suivante l'ancienne cloche de 1822 fit cependant l'objet d'un remplacement par Adolphe Havard de Villedieu, du fait qu'elle ne s'accordait pas avec la nouvelle sonnerie. Nous avons par ailleurs pu observer que toutes les inscriptions de la cloche de 1822 ont recopiées dans leur totalité sur 6 lignes, ce qui n'était pas très courant à cette époque. De ce fait, ce fut une belle surprise et fait de la petite cloche, l'une des plus intéressantes de cet ensemble campanaire.

À propos de leurs détails techniques, cet ensemble campanaire est disposés dans un beffroi en bois à deux niveaux, dont l'espace dans la chambre des cloches semble avoir été utilisé au maximum, compte-tenu de leurs mensuration par rapport à la taille apparente du clocher. En effet, l'accord musical formé par la sonnerie est un accord majeur complété en Réb3; Mib3, Fa3 et Lab3 et leurs masses et diamètres respectifs sont les suivantes : 1726kg et 1395mm pour la première, 1003kg et 1250mm pour la seconde, 900kg et 1150mm pour la troisième. Enfin, la quatrième et dernière cloche pèse 456kg pour 920mm de diamètre.


Nom: Marie Note: Réb3 Date: 1900 Poids: 1726kg Diamètre: 1395mm Fondeur: Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


1900

S. S. LEON XIII PAPE

S. E. LE CARDINAL LABOURE ARCHEVEQUE DE RENNES DOL ET St MALO

M M

JEAN M. TROCHU CURE DE GUIGNEN

JULES MICHEL

LOUIS GUILLAUME VICAIRES

JOSEPH MERCIER MAIRE

PIERRE BRUCHET Pt

JULIEN DENIEL Pt DU BUREAU

PIERRE CHEMINEL TRESORIER

FABRICIENS

PIERRE COIGNARD ; PIERRE PELEE


NOMMEE MARIE

PARRAINS MARRAINES

MM Mmes

JOSEPH MERCIER MAIRE LA Vtesse MAURICE DE POULPIQUET DU HALGOUET

JULIEN DENIEL NEE ALICE DE LESPEE

ALPHONSE LE BASTARD DE VILLENEUVE

NEE MARIE DE MONTBEL


A. HAVARD ; A VILLEDIEU


Nom: Gabriel-Joseph Note: Mib3 Date: 1900 Poids: 1003kg Diamètre: 1250mm Fondeur: Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


1900

S. S. LEON XIII PAPE

S. E. LE CARDINAL LABOURE ARCHEVEQUE DE RENNES DOL ET St MALO

M M

JEAN M. TROCHU CURE DE GUIGNEN

JULES MICHEL

LOUIS GUILLAUME VICAIRES

JOSEPH MERCIER MAIRE


A. HAVARD ; A VILLEDIEU


NOMMEE GABRIEL JOSEPH

PARRAINS MARRAINES

MM Mmes

PIERRE MARIE BLOT SOEUR VENERAND

MISSIONNAIRE LAZARISTE SOEUR PAULINE

PIERRE MARIE TROCHU SOEUR THERESE

CURE DE LA FRESNAIS SOEUR FELICIEN

JEAN MARIE PORTAL SOEUR MARIE ANTOINETTE

MISSIONNAIRE MARISTE SOEUR GABRIEL JOSEPH

M. JULIEN DENIEL RELIGIEUSES DE LA PROVIDENCE

VICAIRE A TINTENIAC DE RUILLE

JOSEPH BERTIN

VICAIRE A COMBLESSAC

JEAN LOUIS BOUGOT

VICAIRE A BAULON


Nom: Élisabeth Note: Fa3 Date: 1900 Poids: 900kg Diamètre: 1120mm Fondeur: Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


1900

S. S. LEON XIII PAPE

S. E. LE CARDINAL LABOURE ARCHEVEQUE DE RENNES DOL ET St MALO

M M

JEAN M. TROCHU CURE DE GUIGNEN

JULES MICHEL

LOUIS GUILLAUME VICAIRES

JOSEPH MERCIER MAIRE


A. HAVARD ; A VILLEDIEU


NOMMEE ELISABETH

PARRAINS MARRAINES

MM Mmes

PIERRE BRUCHEL PAUL LEBASTARD DE VILLENEUVE

JOSEPH BELLAMY NEE ELISABETH LE MINTIER DE LEHTIEC

PIERRE PELEE Melle MARIE BODINIER

Mme ROULLEAU

NEE ANNE DENIEL


Nom: Caroline-Marie-Désirée Note: Lab3 Date: 1901 (refonte d'une cloche de 1822) Poids: 456kg Diamètre: 920mm Fondeur: Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles


Inscriptions sur la cloche :


  • J AI ETE DONNEE PAR LES PROPRIETAIRES ET HABITANTS DE DE LA COMMUNE DE GUIGNEN ET NOMMEE CAROLINE MARIE ☛

  • DESIREE PAR MONSIEUR PIERRE CHARLES AINE LE BASTART FILS ET MADAME MARIE LOUISE LE BASTART NEE PHILIPPE ☛

  • DE TREMAND ET BENITE PAR MESSIRE J. B. MILLAUX VICAIRE GENERAL SUPERIEUR DU GRAND SEMINAIRE EN PRESENCE ☛

  • DE Mr PIERRE FRANCOIS VICTOR DENIAU RECTEUR JULIEN JANVIER VICAIRE VICAIRE PIERRE RENE LE BASTART DE VILLENEUVE ☛

  • DANCIENNE EXTRACTION NOBLE MARIE PIERRE CHARLES AIME LE BASTART DE VILLENEUVE DANCIENNE EXTRACTION NOBLE ☛

  • PIERRE AIME ANNE ESNAUD PRECEPTEUR JOSEPH BERTIN JOSEPH LANOS JOSEPH BOUGOT MEMBRES DU CONSEIL DE FABRIQUE 1822


REFONDUE EN 1901

S. S. LEON XIII PAPE

S. E. LE CARDINAL LABOURE ARCH. DE RENNES DOL ET St MALO

Mr L ABBE TROCHU RECTEUR DE GUIGNEN


A. HAVARD ; A VILLEDIEU


Pour compléter cette présentation, voici diverses photos faites au cours de notre visite



La vidéo


Je tiens à remercier la municipalité de Guignen, en particulier Madame É LEFEUVRE, pour l'autorisation afin de visiter le cloche, en vue d'inventorier et enregistrer l'ensemble campanaire de l'église. Je remercie Monsieur H. LEFRANC de la Direction Générale des Services de la commune pour l'attention portée à ma démarche, ainsi que son collègue, Monsieur S. BEAUJOUAN, Responsable des Services Techniques pour son accueil et sa disponibilité lors de notre visite.


PS: Un second angle vidéo était prévu à l'origine sur les cloches 4 et 3, mais pour une raison inconnue, je n'ai pas eu la possibilité de le récupérer, ce qui n'a donc pas permis de l'intégrer au montage vidéo. Je vous prie de m'excuser pour ce désagrément.


Sources des textes utilisés pour l'article :

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