Dans le hameau de Locmeltro, une première chapelle est attestée vers le milieu du XVe siècle, et pourrait avoir été édifiée par la famille de Limur, propriétaire de ces lieux. Par le passé, la chapelle Saint-Meldéoc fut le siège d'une trève d'une grande paroisse de Guern. Une des particularité de cet édifice est qu'à la différence d'autres chapelles, des défunts pouvaient y être enterrées, comme en témoignent le cimetière, ainsi qu'un catafalque du XVIIe siècle entreposé dans le croisillon nord. Le vocable de l'édifice, nous vient de Saint-Meldroc (dit aussi "Meldéoc"), évêque de Vannes, mort en 672. L’étymologie du nom du hameau «Locmeltro" reste encore débattue, mais selon le linguiste et historien Joseph Loth (originaire de Guémené-sur-Scorff), il s’agirait plutôt d’un toponyme signifiant "vallon de la boule", en référence au mell beniguet, massue néolithique christianisée et conservée depuis très longtemps dans la chapelle.
Dans son architecture, cette dernière fut construite dans un plan en croix latine avec un ensemble d'une nef, formée par le transept et l'abside. Sa façade occidentale est dotée d'une porte en plein cintre. Une fenêtre en plein-cintre dans le style du XVIIIe siècle est également construite côté sud. L'abside et le transept ont été reconstruits au XIXe siècle, mais conservent des fenêtres provenant d'une construction ancienne.
De la construction médiévale d'origine, les baies, ainsi que le choeur furent réutilisés, ainsi que des vestiges d'armoiries mentionnées par Louis Rosenzweig, autre historien et archiviste à Vannes. D'après une date de 1662 indiquée sur une des pièces de l'ancienne charpente rénovée en 1980, la nef aurait été réalisée au cours du XVIIe siècle. Plus tard au siècle suivant, la chapelle fit l'objet d'une campagne de restauration importante. En effet, en apprend dans les registres des baptêmes qu'une nouvelle bénédiction eu lieu au cours de l'année 1865, en présence de Mgr Jean-Baptiste-Charles Gazailhan, évêque de Vannes, de l'Abbé François Falquerho, recteur de Guern et de Louis Le Cam, entrepreneur. Cette consécration fait suite à la reconstruction du chevet, ainsi que du transept, suivie en 1866 par la coulée d'un sol en béton dans le chœur, afin de protéger le maître-autel de l’humidité ambiante, l'édifice étant implanté dans un vallon marécageux.
Dans les années 1950, la chapelle de Locmeltro était en ruines, comme en témoignent des photographies prises en 1966 au cours de la première opération d'inventaire topographique effectuée dans le canton de Pontivy. On y découvre la toiture de la nef effondrée, ainsi que les murs fissurés et rongés par l'humidité. C'est finalement en 1976 qu l'édifice fut inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Puis, en 1979 ce fut au tour de l'association "Breiz Santel" de mettre au point un "chantier-rencontre" pour le sauvetage du monument avec l'aide des habitants du hameau et ses environs, dans le cadre d'un plan régional de restauration. L'année suivante l'association locale "Patroed tro Locmeltro" fut créée et prit en charge l'organisation du pardon ayant lieu chaque année, le deuxième dimanche du juillet. Les revenus générés par cet évènement, contribuaient ainsi aux travaux de restauration. En 1981, le syndicat d’aménagement touristique du canton de Pontivy vota une importante subvention permettant de lancer les travaux de réfection intégrale de la toiture. Ainsi quatre ans plus tard en 1985, le pardon se déroula sous une charpente et une couverture neuves, la voûte lambrissée ayant été recréée par Bernard Le Fresne, charpentier à Guern.
Par la suite l’association acquit les parcelles boisées situées au sud de la chapelle afin d’en agrandir le terrain jusqu’à la fontaine et au four à pain, tous proches.Les bénévoles défrichèrent, drainèrent et remblayèrent le nouveau terrain avec des centaines de mètres cube de terre. De ce fait, les abords de la chapelle que nous connaissons aujourd'hui sont encore récents.
Pour finir sur le mobilier que l'on peut découvrir en ce lieu, celui-ci conserve encore à ce jour plusieurs statues représentant des saints. Tout d'abord celle de Saint-Jean-Baptiste, visible contre l’angle nord-est de la nef, est représenté avec son attribut traditionnel, l’agneau, symbole du sacrifice du Christ. Cependant il présente la particularité d’avoir un cochon à ses pieds, accentuant ainsi son rôle de berger. Ensuite, une seconde oeuvre dédiée à Saint-Sébastien, située contre l’angle sud-ouest du choeur, était une statue où il était courant de venir y planter une flèche, à l’endroit où l’on souffrait soi-même, d’un mal que l’on souhaitait guérir et d’affirmer que l’on venait en béquille au pardon de Locmeltro, et y repartait sans.
Un boulet de granit d’environ 20 cm de diamètre est également déposé dans le transept. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'a aucun usage militaire. En effet, jusqu’au XIXe siècle, cet objet, appelé "mell beniguet" (ou la "boule bénie" en breton), était utilisé pour abréger les souffrances des malades incurables. Bien que la méthode d'utilisation reste plutôt étrange, sa présence au sein d’une chapelle tréviale, où était administré le sacrement des malades est cohérente. En outre, cela justifie aussi la présence d’un catafalque à côté du "mell beniguet", sur lequel les cercueils étaient exposés. Restauré en 2014, il s'agit d'un des rares exemples conservés en Morbihan.
La chapelle étant fermée lors de notre passage, nous ne sommes pas en mesure de vous faire découvrir l'intérieur de ce monument très singulier. De ce fait, nous nous intéresserons directement à la cloche.
Bien que la chapelle soit dotée d'une cloche, l'édifice à pour particularité de ne pas être agrémenté d'un clocheton en façade, ou ailleurs sur le bâtiment. En effet, cette dame de bronze est installée dans un petit campanile séparé. Cette découverte en plus d'être atypique, est unique dans le département. Elle fut coulée en 1844 par un certain Auguste-François Bazile, fondeur à Lorient, ayant exercé au cours du XIXe siècle. Elle se nomme Marie Patern, mesure 560mm de diamètre et donne la note du Mi4.
La cloche: Nom: Note: Mi4 Date: 1844 Poids: NC Diamètre: 560mm Fondeur: Bazile à Lorient
Inscriptions sur la cloche :
☛ JE M APPELLE MARIE PATERN PARRAIN PATERN PERESSE MARRAINE Mie FOISE TANGUY
☛ FME ALALNIC Mr GME LECOLLETTER RECTEUR Mr JH LECAM MAIRE
3ème ligne sans inscriptions
☛ BAZILE FONDEUR A LORIENT 1844 ☚
La vidéo
PS: Comme vous pouvez le voir dans la vidéo, j'ai dû interrompre la volée manuelle de la cloche dès son démarrage. En effet, le campanile qui l'héberge ne nous paraissait pas conçu pour une cloche de cette taille et son mouvement rend la structure instable, ce qui peut s'avérer particulièrement dangereux lors d'une sonnerie à la volée.
Nous remercions le voisinage de la chapelle de Locmeltro de nous avoir permis de faire sonner la cloche pour un Angélus du soir, spécialement pour cette vidéo. Je remercie également les deux frères et amis de longue date Matthieu et Sébastien JULES pour m'avoir accompagné au cours de cette découverte insolite !
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