L'église Saint-Pierre de Clayes est mentionnée pour la première fois en 1122 dans le cartulaire de l'Abbaye Saint-Melaine de Rennes. L'édifice étant confié aux moines, celui-ci restera sous l'administration d'un recteur, choisi par le Père Abbé de Saint-Melaine, et nommé par l'évêque de Saint-Malo, jusqu'au XVIIIe siècle.
Nous ne savons que très peu de choses au sujet de la fondation de l'église au XIIe siècle. Toutefois, des vestiges de cette époque sont encore visibles, comment l'atteste une portion du du mur dans le chœur, dit en "arêtes de poisson", typique de l'époque romane.
De grands travaux de remaniements eurent lieu au cours du XVe siècle. En outre, la charpente de la nef est datée vers 1450 et il en est de même pour les deux portes latérales de la nef, le sacraire et la croix d'enclos qui sont de cette même époque. D'autres modifications ont par la suite été effectuées à des époques ultérieures : En 1670, la réfection du chevet mena à la réalisation de la sacristie derrière le chœur, qui sera remaniée au XVIIIe afin de protéger les objets liturgiques. En ce qui concerne le mobilier historique de l'église, on y trouve les fonts baptismaux ainsi qu'une statue d'un sculpteur anonyme, mais qui fut appelé "le maître de saint-Gille".
En 1888, à la demande du maire de l'époque, Élie de Palys, l'architecte diocésain Arthur Regnault eut pour mission de mettre en œuvre un nouveau chantier de grande ampleur. Celui-ci verra notamment l'ajout de deux chapelles latérales, suivi par la réfection du lambris des voûtes. Un nouveau mobilier néo-gothique fait également son apparition, redonnant ainsi une allure plus jeune à l'église. Dans cette optique, de nouveaux vitraux prennent place dans la nef. Le premier vitrail est dédié au Pape Pie IX et représente le dogme de l'infaillibilité pontificale remis par le souverain pontife à l'archevêque de Rennes, Mgr Godefroy Brossais-Saint-Marc en 1870. La seconde verrière est dédiée à Saint-Louis-Marie Grignon de Montfort, qui venait tout juste d'être béatifié cette année là (il sera canonisé en 1947). Par ailleurs, les armes d'Élie de PALYS et son épouse sont visibles sur ces mêmes vitraux.
L'église fit l'objet d'importants travaux de restauration entre 2007 et 2008. C'est à cette occasion qu'un ouvrier fit la découverte de huit squelettes (respectivement sept adultes et un enfant), tous retrouvés entre la voûte et la charpente de l'édifice. Nous ignorons cependant de quand sont-ils datés. Ces corps ont par la suite été remis à leur emplacement d'origine après des investigations. Pour finir, nous pouvons également observer un cadran solaire fixé sur le mur sud de l'église, près du porche.
Un autre élément très intéressant du mobilier concerne le grand orgue de type "informatisé" situé dans la tribune de l'édifice, qui ne possédait aucun instrument il y a bientôt 30 ans ! Installé entre les deux anciennes tribunes latérales. Réalisé par des artisans locaux avec l'ingénieur Pascal Leray pour la partie technique, l'orgue est doté d'un total de 334 tuyaux, associant les techniques traditionnelles de facture d'orgue aux plus récentes conceptions logicielles et matérielles. La console vient par exemple de l'orgue de chœur de l'église Saint-Louis de Brest. L'informatique intégrée permet quant à elle d'étendre les possibilité d'usage de façon quasi infinie. Ce système doté d'un logiciel original spécifique contrôle également toutes les électro-soupapes. Une électronique de puissance (créée par le même ingénieur), relie également les claviers et les sommiers de l'orgue, réduisant de ce fait un gain d'espace et financier plus avantageux, par rapport aux instruments classiques. Cela permet ainsi d'obtenir des fonctionnalités et performances normalement impossibles avec un instrument classique. De même, toutes les commandes sont centralisées sur un écran tactile, tout en ayant des boutons de registres traditionnels qui peuvent être utilisés selon les choix et goûts de l'organiste.
Avant de parler de l'ensemble campanaire qui se cache dans le fin clocher en façade, voici quelques photos de l'intérieur de l'église ci-dessous
Les cloches
Le fin clocher de l'église de Clayes est doté de deux cloches de dates et époques différentes. Disposées côte à côte en haut de la flèche dans un beffroi étroit, la plus grande fut fondue par Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles en 1873. Elle porte le nom de "Thérèse-Romaine-Anne-Marie", pèse 170kg pour un diamètre de 670mm. Bénie par l'Abbé Delourme, curé de Montfort-sur-Meu en présence de l'Abbé Pestel, recteur de Clayes, elle fut nommée par son parrain, Mr Élie-Louis-Marie Adéodat de Palys et sa marraine, Mademoiselle Anna COIRRE.
La seconde, faite par Paul Havard à Villedieu en 1858 et bénie le 8 octobre de la même année, cette cloche fut également baptisée sous le rectorat de l'Abbé PESTEL, du doux nom de "Gabrielle-Marie". D'un diamètre de 620mm, sa masse est de 134kg. Son parrain et sa marraine furent Monsieur Vilboux, Maire de Clayes et Mme Louise de la Forest d'Armaillé, Comtesse de Palys. Un détail intéressant concerne ses inscriptions : contrairement à sa grande sœur plus jeune qui possède toutes ses inscriptions visibles en relief, la cloche 2 possède toutes ses lignes écrites en creux, excepté la signature et ses décors,qui eux, restent en relief.
Ces deux cloches aux dimensions très proches donnent les notes du Ré4 et du Do#4 et ont ainsi comme particularité de former un demi-ton entre elles. L'accord étant assez rare, cette petite surprise révèle ainsi un duo très intéressant et que j'apprécie !
Parlons ensuite de l'installation campanaire en elle-même. Refaite entre 2022 et 2023 (soit quelques mois avant ma venue), cette révision complète s'était avérée nécessaire afin d'assurer la mise au normes de sécurité électriques des cloches. L'église ayant été restaurée quelques années auparavant, cela permit ainsi tout risque d'incendie éventuel.
D'ailleurs dans l'histoire récente, cet ensemble campanaire était encore manuel jusque dans les années 1980. En effet, la dernière sonneuse de cloches, Madame Léontine Louéssard, née en 1902, fit un don lors de son décès en 1985 afin de les électrifier. Depuis, une plaque commémorative est aujourd’hui placée sous la tribune au fond de l’église, en reconnaissance par la commune pour son travail accompli.
Nom: Thérèse-Romaine-Anne-Marie Note: Do#4 Date: 1873 Poids: 171kg Diamètre: 670mm Fondeur: Adolphe Havard à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
1873
NOMMEE THERESE ROMAINE ANNE MARIE DE CLAYES
PAR Mr LE Cte ELIE LOUIS MARIE ADEODAT DE PALYS
ET
Melle ANNA COIRRE
BENITE PAR Mr DELOURME CURE DE MONTFORT
M M PESTEL RECTEUR
P. BERTIN MAIRE ; P. BOURDAIS ADJt
A. HAVARD A VILLEDIEU MANCHE ; VENDUE PAR MADIOT DE RENNES
MM
BIENFAITEURS
Jne VILBOUX
LE Cte DE PALYS Pne RASTEL Vve ROUAULT
TRESORIER CPble ET SON FILS
PESTEL Pt ANNE FILLON Vve PORTEU
LE FEUVRE SECre ET SES ENFANTS
J. PASDELOUP Jph LEMARCHAND
P. FONTAINE ET Jne BERTIN SON EPOUSE
T. CHEVILLARD P. BERTIN FABRICIENS
Nom: Gabrielle-Marie Note: Ré4 Date: 1858 Poids: 134kg Diamètre: 620mm Fondeur: Paul Havard à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
☛ JE MAPPELLE GABRIELLE MARIE DE CLAYES JAI EU POUR MARRAINE M. J. VILBOUX MAIRE ET POUR
☛ MARRAINE Mme LOUISE DE LA FOREST DARMAILLE Csse DE PALYS M. J. PESTEL RECTEUR 8 Xber
1858 ☛
PAUL HAVARD ; A VILLEDIEU VENDUE PAR MADIOT DE RENNES
Particularité : Toutes les inscriptions de cette cloche sont gravées, sauf la signature et les décors, qui eux, sont en relief
Pour finir la présentation de cet ensemble campanaire, voici diverses photos faites au cours de notre visite
La vidéo
J'adresse mes sincères remerciements au Maire de Clayes, Monsieur P. SICOT, pour son aimable autorisation afin d'effectuer l'étude et la vidéo des cloches de l'église. Un grand merci également à L. MENEUX, Adjoint au Maire nous ayant accueilli à l'occasion de ma venue pour les chaleureux échanges et ses diverses explications sur l'histoire de l'édifice.
Sources des textes utilisés pour l'article :
Textes personnels
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