Les origines de l'église de Bovel remontent jusqu'au IXe siècle et proviendrait tout d'abord d'une légende locale aux origines très anciennes. En effet cette légende raconte qu'en l'an 843, un groupe de paysans fit la découverte d'une statue de la Vierge Marie dans les steppes d'Anast, aux frontières des territoires entre Maxent et Maure-de-Bretagne. L'un d'entre eux, alors étonné, chargea la statue dans sa charrette tirée par des deux jeunes taureaux non dressés, en promettant de la conduire à l'église de la paroisse. C'est alors qu'une fois arrivés au niveau du manoir du Bois-Denats, les taureaux s'arrêtent subitement. En outre, le paysan eurent beau vociférer et donner des coups d'aiguillons, les taureaux n’avancèrent pas, refusant d'aller plus loin. Il comprit alors que Notre-Dame voulait que sa statue soit honorée en ce lieu et décide donc de lui élever un sanctuaire sur l'emplacement même où elle fut découverte. Aussi, afin d'affermir les fidèles de cette pieuse idée, la légende raconte également que "Dieu permit qu'une fontaine jaillît à côté de l'endroit choisi par la Sainte Vierge".
Construite au XVIIe siècle à la demande de Marie-Anne Colbert la duchesse de Mortemart et comtesse de Maure, la chapelle de Bovel était alors attestée comme un lieu de pèlerinage donnant lieu à d'importants rassemblements, plus particulièrement le 8 septembre de chaque année, solennité de la Nativité-de-Notre-Dame, vocable attribué à ce lieu. Ainsi nombreux sont les groupes de pèlerins qui s rendent à la fontaine de la Vierge pour y puiser, y boire de l'eau et lui offrir quelques sous ou écus, avant de terminer le pèlerinage aux pieds de la statue pour vénérer Marie dans son sanctuaire, afin d'obtenir la guérison ou des récoltes prolifiques. Le lendemain, on asséchait la fontaine pour en récupérer les offrandes.
L'église actuelle fut reconstruite en 1836, puis classée aux Monuments Historiques en 1840, avant d'être remaniée par l'architecte diocésain Arthur Regnault, sur l'emplacement de l'ancien édifice à la demande des habitants, contre la volonté du recteur de l'époque et sous la menace de l'évêché de supprimer la paroisse. Malgré toutes ces déboires, le nouvel édifice sera finalement consacré le 1er mai 1869. Bien que presque entièrement neuf, on prit soin de conserver divers éléments, dont le portail sud de style Renaissance, daté du XVe siècle et appartenant à l'ancienne chapelle. Doté d'un tympan sculpté, celui-ci représente la Nativité de la Vierge-Marie. On y voyait autrefois les armoiries des comtes de Maure et des seigneurs de Bois-Denast.
Construite en pierre de taille l'église que nous pouvons observer aujourd'hui témoigne d'un bel exemple de l'architecture romane. Son intérieur est également très intéressant avec une nef large et lumineuse, agrémentée de colonnes de pierres d'un côté, ainsi que d'un chœur profond et étroit avec une abside en cul-de-four.
À propos du mobilier, l'église a comme particularité de conserver quelques œuvres de l'Ancien Régime, ainsi que la statue de la Vierge à l'Enfant du XIVe siècle dédiée à Notre-Dame-de-Bovel, patronne de la paroisse, dont on lui doit la légende locale, ainsi qu'une pièce d'orfèvrerie datée en 1698, attribuée à l'orfèvre parisien Jean-Baptiste Loir. La menuiserie du maître-autel utilise principalement des éléments du XVIIIe siècle, bien que celle-ci soit recouverte d'une polychromie datée du XIXe siècle, s'accordant avec le style des autels latéraux construits au cours de cette période. Par ailleurs, cette paroisse semble avoir bénéficié d'une faveur particulière au milieu du siècle avec l'acquisition de nombreuses pièces d'orfèvrerie et d'ornements liturgiques. On y trouve notamment un don de l'empereur Napoléon Bonaparte fait en 1855, ainsi qu'une peinture du martyre d'Étienne, réalisée par Henri-Jean-Saint-Ange Chasselat en 1849 et envoyée par l'État en 1852. Cette composition se dégage à travers une intéressante série de peintures conservées dans l'église. Plus récemment, une très belle peinture réalisée en 2001 représente l'Annonciation à la Vierge Marie par l'Ange Gabriel.
De même, on peut observer la présence d'un orgue réalisé en 1850 par le facteur parisien Aristide Cavaillé-Coll, classé au Monuments Historiques.
Enfin, les murs sont dotés d'une série de vitraux remarquables, datés du XIIe, jusqu'au XIXe siècle, également classés. De grande qualité et réalisés dans des couleurs vives, ils représentent des scènes de la Bible, ainsi que de la vie de Jésus-Christ et de la Vierge Marie. Ces verrières sont ainsi de grands témoins de l'art du vitrail au cours des siècles.
Avant de parler de l'ensemble campanaire de l'église, je me permets de vous présenter diverses photos de l'intérieur de l'édifice, prises au cours de notre visite
Les cloches
L'église de Bovel dispose d'une petite sonnerie de deux cloches, originaires de deux fondeurs différents, tous deux installés à Villedieu-les-Poêles en Normandie. Commençons par la plus petite, alors la plus récente. Fondue en 1876 par Adolphe Havard, elle sera refaite 50 ans plus tard en 1922 par son successeur Léon Cornille, ayant repris la fonderie au début des années 1900. Bénite par Mgr Charost alors archevêque du diocèse, elle porte le nom de Marie-Béatrix-Louise-Guy-Alexandrine-Augustine-Bernadette-Émilie" et pèse 189kg pour 705mm de diamètre. La grande cloche est quant à elle la plus intéressante de cet ensemble. Fondue par les frères Viel-Tétrel et Viel-Ozenne en 1842, elle se nomme "Émelie-Marie-Yacinthe-Caroline" et pèse 244kg pour 775mm de diamètre. Leurs masses, bien qu'en profil léger ont du point de vue acoustique, des sonorités typiques de leurs fonderies d'origines, très agréables à écouter. Pour finir, ces deux cloches forment l'accord dit de "seconde majeure", avec les notes du Do4 et Sib3.
Nom: Émelie-Marie-Yacinthe-Caroline Note: Sib3 Date: 1842 Poids: 244kg Diamètre: 775mm Fondeur: Viel-Tétrel et Viel-Ozenne Frères à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
☛ JE ME NOMME EMELIE MARIE YACINTHE CAROLINE NOMMEE PAR MESSIEURS Cye CHARLES HIACINTHE
☛ JEAN BRIOT ET DAME EMELIE MARIE LANOIS VE DE MONSIEUR EUGENE BOUESSEL FONDUE LAN 1842
3ÈME LIGNE SANS INSCRIPTIONS
FAITE PAR VIEL TETREL ET VIEL OZENNE FRERES FONDEURS A VILLEDIEU MANCHE ET VENDUE PAR FOLIE PEINTRE DOREUR A RENNES
EN GRAS : LETTRES EN CREUX, LES AUTRES INSCRIPTIONS SONT ÉCRITES EN RELIEF
Nom: Marie-Béatrix-Louise-Guy-Alexandrine-Augustine-Bernadette-Émilie Note: Do4 Date: 1922 Poids: 189kg Diamètre: 705mm Fondeur Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
L AN 1922
S. S. Mgr CHAROST ARCHEVEQUE
Mr L ABBE VERRON
RECTEUR DE BOVEL
ALEXANDRE JAGU MAIRE
CORNILLE-HAVARD ; A VILLEDIEU
J AI ETE NOMMEE MARIE BEATRIX LOUIS GUY ALEXANDRINE
AUGUSTINE BERNADETTE EMILIE
PAR
M M GUY BOUESSEL ADJOINT
J M ESNAUD J M DENIER
E AUBAUD
Mme BRIOT DE LA CROCHAIS
Mme BOUESSEL Mme BOLELLY
A M OREVE M R DEMAY
M B ESNAUD
Afin de compléter cette présentation, je vous dévoile ci-dessus des photos diverses, prises dans le clocher
La vidéo
Nous adressons nos sincères remerciements à Monsieur J. MERCIER, Maire de Bovel pour son accord afin de visiter et inventorier et filmer l'ensemble campanaire de son église, ainsi que pour son chaleureux accueil lors de notre venue. Ce fut également un plaisir d'écouter les diverses explications sur l'église au cours de nos échanges. Je remercie pour ma part mon collègue du Finistère Matthieu JULES, invité à l'occasion de cette visite, pour son aide très précieuse lors de l'étude des cloches et pour la mise à disposition de sa caméra, ayant contribué à la réalisation de cette vidéo.
Sources des textes utilisés pour l'article :
Textes personnels
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