Ambrières-les-Vallées (Ambrières) - Église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge
- clochesdebretagne (Vincent l'amoureux des cloches)
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Les origines de l'église d'Ambrières remontent vers la fin du XIe siècle. Dotée d'une tour, d'un clocher ainsi qu'une lanterne, le tout à la croisée du transept, nous savons qu'un cimetière entourant l'édifice existait encore en 1840 avant d'être transféré sur un autre lieu. En l'an 1120, la paroisse était alors le chef-lieu d'un doyenné correspondant au Passais normand, mais ne conserva cependant pas son titre par la suite, Passais et Passais normand ne formant finalement qu'un seul et unique doyenné. À l'entrée du chœur nous pouvons encore découvrir un décalogue du XVe ou XVIe siècle en dix quatrains octosyllabiques, gravés dans la pierre. Ce vestige est donc un indice d'un usage plus ou moins répandu dans plusieurs églises des environs à cet époque, comme l'atteste ainsi celle de Pommerieux, près de Craon, au sud de la Mayenne. Une grande représentation de la Sainte-Vierge en terre cuite polychromée, faite par Marie Arbel, ainsi que le retable de l'artisan Bernad Chardon, retraçant les épisides de la vie du Christ, sont également visibles. La sacristie fut construite en 1686. Cependant en 1758, l'église connut d'importantes réparations et des boiseries provenant de l'abbaye d'Évron y furent installées.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, lors de Libération de la France en 1944, la commune d'Ambrières se trouvait en plein milieu de la zone des combats et des bombardements. D'abord très abimée par ces derniers le 14 juin, elle fut entièrement détruite par un incendie survenu pendant la bataille d'Ambrières, aupoint où seuls les murs restèrent en place. La sacristie du XVIIe siècle n'a pas été reconstruite sur son emplacement d'origine et l'église fut entièrement restauré après la guerre jusqu'en 1949. Classé au Monuments Historiques en 1953, un projet de restauration du monument religieux est à l'étude.
Pour la petite histoire locale, il se trouve qu'au cours de la tourmente révolutionnaire, le recteur de l'époque, l'abbé Jacques-Claude DESNOS Curé d'Ambrières depuis 1767 et son vicaire, l'abbé Joseph DESLANDES, refusèrent de prêter sermentet se dévoèrent à leur ministère au péril de leur vie. En effet, dans la nuit du 23 au 24 mars 1793, tous deux furent surpris par les républicains dans une cachette chez l'habitant. Cette dernière ne pouvant contenir qu'une personne, le vicaire qui força son curé à s'y blottir, fut en revanche saisi, avant d'être mortellement blessé d'un coup de feu et achevé à cous de baïonnettes sur le pont. L'abbé DESNOS quant à lui continua son apostolat sans crainte.
Par la suite en 1905, suite à la loi de séparation de l'Église et de l'État, l'inventaie de l'église d'Ambrières devait se dérouler le 2 février 1906. Cependant, lorsque le receveir d'enregistrements indiquait au Curé-Doyen de l'époque, son devoir de refuser le rôle qui lui était imposé, en raison de ses convictions personnelles, les gendarmes qui l'accompagnaient partirent alors, avant de revenir plus nombreux avec un nouveau représentant, qui trouva les portes du sanctuaire closes. Abandonnés sur place, ls agents s'éclipsèrent avant de revenir à la charge le 16 mars. Le peloton de gendarmerie, renforcé de trois compagnies d'infanterie assure la garde du sous-inspecyeur d'enregstrement qui, voyant ses propositions refusées par le recteur d'Ambrières, donna l'ordre de briser la petite porte. Cependant, voyant arriver une foule nombreuse, le grainetier (personne dont le métier est exercé dans le domaine agricole), est arrêté menottes aux poignets pour être emmené à Mayenne. C'est finalement à son retour qu'il sera honoré des hommages de la population locale.
Avant de vous faire connaître l'histoire de l'ensemble campanaire de l'église d'Ambrières, voici diverses photos de l'intérieur de l'église que vous trouverez via le lien de l'album ci-dessous
Les cloches
Les origines de l'ensemble campanaire d'Ambrières, sont un peu particulières, bien que pratiquement inconnues jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cependant, grâce aux registres paroissiaux, nous savons par exemple que la plus grande des cloches existantes a été refaite à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle : née en 1716, cette dernière sera refondue plusieurs fois : en 1724, 1749 et 1788. En revanche, nous ignorons si elle a traversé la Révolution française, ou non. Toutefois le travail de recherches mené par l'abbé ANGOT, prêtre du diocèse de Laval, spécialiste de l'histoire de la Mayenne nous apprend qu'une ancienne dame de bronze a été fondue en 1763 par Jean-Baptiste DUBOIS. Là aussi, Nous ne sommes pas en mesure d'affirmer sa présence jusqu'à l'arrivée d'une toute nouvelle sonnerie au début des années 1870. C'est en effet à partir de cette période, que quatre cloches seront fondues par Amédée Bollée dans ses ateliers du Mans, le tout en deux temps. En 1873 une première cloche (la deuxième de la sonnerie) fut la première a être livrée pour l'église d'Ambrières, suivi de trois autres réalisées douze ans après, en 1885. De ce premier ensemble, il n'en reste plus rien, si ce n'est probablement la cloche de sacristie, suspendue à l'entrée située côté nord. Pesant 15kg pour 305mm de diamètre et sonnant le Mib5, elle est probablement issue du même fondeur. Cependant cela reste une hypothèse, compte tenu de l'absence de signature.
Lors des combats du 6 août 1944, les quatre grandes cloches furent ainsi détruites, non pas par les bombes mais par le brasier dans l'église provoquant de facto, l'effondrement du clocher. Après la Seconde Guerre Mondiale, c'est au cours de la période de reconstruction de l'édifice que quatre nouvelles dames d'airain ont été réalisées en 1948, au sein des ateliers de Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles, dans le département de la Manche. De tailles et de poids assez similaires que les précédentes, elles portent les noms de "Gabrielle-Valentine", "Suzanne-Alberte-Maud-Claudine", "Clémentine-Marie-Josette-Louise" et "Marthe-Julienne". Présentant des inscriptions latines extraites des versets du psaume 150 et du Cantique des Cantiques, tout en rappelant le souvenir de leurs ancêtres de bronze, ces cloches forment un accord dit Regina Caeli en Sol3, Fa#3, Mi3 et Ré3. Mises en place en 1949 une fois le clocher achevé, leurs poids et diamètres sont les suivants : 1330kg et 1330mm pour la plus grande et 935kg et 1185mm pour la seconde, la troisième mesurant pour sa part 1050mm pour une masse de 655kg, la quatrième et cloche dernière a un diamètre de 990mm et pesant 536kg.
Nom: Gabrielle-Valentine Note: Ré3 Date: 1948 Poids: 1330kg Diamètre: 1330mm Fondeur Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
EN L AN DE GRACE 1948
SOUS LE PONTIFICAT DE S. S. LE PAPE PIE XII
MONSEIGNEUR RICHAUD ETANT EVEQUE DE LAVAL
Mr L ABBE AUBIN CURE DOYEN D AMBRIERES
J AI VU LE JOUR ET RECU LE BAPTEME
MES PARRAIN ET MARRAINE
Mr YVES BRANCHEREAU MAIRE D AMBRIERES
ET Mme FOCCAT NEE HABRIELLE BROCHARD
M ONT DONNEE LES NOMS DE
GABRIELLE VALENTINE
JE SUIS TOMBEE SOUS LES OBUS
POUR LA LIBERATION DE LA FRANCE
LORS DE L INCENDIE DE L EGLISE D AMBRIERES
AU COMBAT DU 6 AOUT 1944
MAIS A NOUVEAU
IN OMNEM TERRAM AMBORIVORUM EXIVIT SONUS MEUS
LAUDATE EUM IN PSALTERIO ET CITHARA
M CORNILLE ; VILLEDIEU
Traduction des inscriptions en latin :
MA SONNERIE S'ÉTEND SUR TOUTE LA TERRE D'AMBRIÈRES
LOUEZ-LE AVEC LE LUTH ET LA CITHARE
(Verset du psaume 150)
Nom: Suzanne-Alberte-Maud-Claudine Note: Mi3 Date: 1948 Poids: 935kg Diamètre: 1185mm Fondeur:Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
J AI ETE BENITE PAR
MONSEIGNEUR RICHAUD EVEQUE DE LAVAL
Mr L ABBE AUBIN ETANT CURE DOYEN D AMBRIERES
MON PARRAIN Mr RAYMOND JOUSSE NOTAIRE
MA MARRAINE Me TEZE NEE SUZANNE HAMARD
M ONT NOMMEE
SUZANNE ALBERTE MAUD CLAUDINE
LAUDATE EUM IN TYMPANO ET CHORO
LAUDATE EUM IN CHORDIS ET ORGANO
Traduction des inscriptions en latin :
LOUEZ-LE AVEC LE TAMBOURIN ET AVEC LES DANSES
LOUEZ-LE AVEC LES INSTRUMENTS À CORDES ET LE CHALUMEAU
(Verset du psaume 150)
NEE EN 1873
MA VOIX S EST ETEINTE AU COMBAT D AMBRIERES
DU 6 AOUT 1944
A NOUVEAU DEPUIS 1948
JE CHANTE LA GLOIRE DE DIEU ET LA JOIE DES HOMMES
M CORNILLE ; VILLEDIEU
Nom: Clémentine-Marie-Josette-Louise Note: Fa#3 Date: 1948 Poids: 655kg Diamètre: 1050mm Fondeur:Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
JE M APPELLE
CLEMENTINE MARIE JOSETTE LOUISE
J AI ETE BENITE PAR
MONSEIGNEUR RICHAUD EVEQUE DE LAVAL
Mr L ABBE AUBIN ETANT CURE DOYEN D AMBRIERES
J AI EU POUR PARRAIN Mr CLEMENT LEROUX
ET POUR MARRANE Me FERARD NEE MARIE CHANTREL
LAUDATE EUM IN CYMBALIS BENE SONANTIBUS
LAUDATE EUM IN CYMBALIS JUBILATIONIS
Traduction des inscritions en latin :
LOUEZ-LE AVEC LES CYMBALES SONORES
LOUEZ-LE AVEC LES CYMBALES RETENTISSANTES
(Verset du psaume 150)
M CORNILLE ; VILLEDIEU
LA GUERRE EST PASSEE J AI RESISTE AU FEU MAIS NON A L EFFONDREMENT
DE L EGLISE LE 6 AOUT 1944
REFONDUE EN L AN DE GRACE 1948
Nom: Marthe-Julienne Note: Sol3 Date: 1948 Poids: 536kg Diamètre: 990mm Fondeur: Marguerite Cornille à Villedieu-les-Poêles
Inscriptions sur la cloche :
JE M APPELLE
MARTHE JULIENNE
MON PARRAIN FUT Mr LE DOCTEUR JULIEN CHEVRIER
MA MARRAINE Me PAULET NEE PICOT DE VAULOGES
MONSEIGNEUR RICHAUD EVEQUE DE LAVAL
M A BAPTISEE
L ABBE AUBIN ETANT CURE DOYEN D AMBRIERES
SONET VOX MEA IN AURIBUS EJUS
VOX ENIM MEA DULCIS
M CORNILLE ; VILLEDIEU
Traduction des inscriptions en latin :
QUE MA VOIX SONNE DANS SON OREILLE
EN EFFET, MA VOIX EST DOUCE
(Phrase inspirée d'un verset du Cantique des Cantiques)
L INCENDIE DE L EGLISE
A LA BATAILLE D AMBRIERES
DU 6 AOUT 1944
ME REDUISIT EN MORCEAUX
DE MES CENDRES
JE RENAIS EN L AN DE GRACE 1948
Nom: PAS DE NOM Note:Mib5 Date: NON INDIQUÉE Poids: 15kg Diamètre: 305mm Fondeur: Anonyme (Non Signée)
CETTE CLOCHE NE POSSÈDE PAS D'INSCRIPTIONS
Afin de compéter la présentation de cet ensemble campanaire, vous trouverez ci-dessous diverses photos prises au cours de notre visite
Les vidéos
Reportage principal
Autres vidéos de Mathieu14280
Solo de la cloche 4
Solo de la cloche 2
Solo de la cloche 1
Autres vidéos prises lors de deux autres visites après l'inventaire
Solo de la cloche 3
Plénum
Nous tenons à adresser nos sincères remerciements à la municipalité d’Ambrières-les-Vallées, et plus particulièrement Monsieur Guy M֤ÉNARD, Maire d’Ambrières-les-Vallées pour son accord afin de visiter, étudier et enregistrer les sonneries cloches des églises de la commune, ainsi que Madame Roselyne VESVAL, Maire déléguée de Cigné pour leurs accueils et disponibilités respectives lors de notre venue. Pour ma part, je tiens à remercier Mathieu LEBRUN pour son invitation à venir découvrir un exemple du patrimoine campanaire et religieux de sa région, pour la mise en œuvre des démarches ainsi que pour la mise à disposition de son matériel ayant permis de réaliser le reportage.
Sources des textes utilisés pour l'article :
Textes personnels
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